La première partie du film décrit la vie dans la région de Kansas City, alors que la tension monte entre URSS et Etats-Unis. Soudain, l'impensable se produit : les deux puissances lancent tout leur arsenal nucléaire. Les survivants, isolés, sans électricité, retournent à l'âge de pierre. Le paysage alterne des ruines urbaines inextricables et des prairies dont l'humus est devenu incultivable. La vie ne sera plus jamais la même. On alterne plusieurs histoires : un chirurgien qui va faire son devoir jusqu'à l'effondrement total ; un soldat déserteur qui fuit sur les routes et prend sa dose de radiation ; une famille d'exploitants agricoles, avec un père qui fait très cowboy, qui tente de survivre dans sa cave, mais doit bien finir par se risquer à la surface.
Un générique avec une musique classique au lyrisme bucolique typiquement américain, tandis que la caméra alterne des plans survolants les campagnes (assez inhabituel) et des plans de la vie de tous les jours (classe de musique, box de bétail devant des abattoirs, chaine de fabrication...).
C'est un téléfilm, avec une mise en scène assez classique, et au début des cadrages qui rappellent un peu Norman Rockwell, bref l'American Dream des années 50-60. J'aime bien. Le début est très "soap opera" : une jeune fille qui annonce à son père grand chirurgien qu'elle veut déménager pour aller à Boston suivre un brillant jeune étudiant, deux quinqua qui échangent des banalités sur le stade tout en regardant l'entraînement des jeunes au football américain, la sale gamine qui embête sa grande soeur qui a son premier flirt... Tout cela entrecoupé de communiqués de plus en plus alarmants sur la situation à Berlin-est. Et finalement, ce salon de coiffure où tout le monde ne parle que de ça. Cheap, comme saynette, mais ça fonctionne bien.
La deuxième partie ménage une progression dans l'horreur. Il y a la séquence des explosions, avec montage montrant les gens et leur squelette, qui a été plagiée par Cameron dans Terminator. Puis on tombe dans les codes du film-catastrophe, mais à un rythme plus lent, puisque c'est de la survie à long terme, de la viabilité de ce monde post-nucléaire dont il est question. Beaucoup d'images mémorables :L'arrêt de tous les appareils électriques. Le bétail crevé sur un vaste champ qui rappelle le Dust Bowl. Une main avec des bubons qui frappent une cloche, image du retour de la peste. Le départ du jeune gamin qui doit amener en cariolle la fille à l'hôpital, avec le père ému, une scène très western. La société est désorganisée, et lorsqu'un personnage arrive enfin à capter la radio et s'étonne que le président ne dise pas, au final, qui a déclenché l'attaque en premier, tout le monde le regarde avec l'air de dire : Quelle importance, maintenant ? J'ai regretté que le scientifique joué par John Lithgow ne soit pas plus développé, il a ici surtout un rôle d'exposition.
La progression dans l'horreur va assez loin :
le père se fait tuer et plusieurs plans dérangeants suggèrent (de loin, mais bon) un retour au cannibalisme, en tout cas à une forme d'animalité très primaire. Et les maquillages à la fin, avec ces tumeurs et ces cheveux qui tombent, sont vraiment effrayants, entre La planète des singes et le film de zombie : les personnages ont perdu leur humanité. Ha, et il y a une transition entre une scène d'accouchement, dont on ne nous montre pas le bébé, et un reste de fontaine au milieu des ruines qui suggère de manière saisissante la peur de voir naître des enfants difformes.
Le jour d'après est un de ces films-chocs qu'il est bon de transmettre aux générations futures, quand elles ont atteint l'âge qui convient.
War. War never changes.