Des Inconnus, je ne connaissais que les sketches. Des amis me montrent avant-hier l’extrait des Trois frères chez le notaire, qui me fait pleurer de rire, comme certains de leurs sketches. Dès lors, pourquoi ne pas tenter Le pari, qu’ils n’ont pas vu ? Il est rare que des comiques soient de grands cinéastes mais au moins ce sera drôle me dis-je.
Pari perdu. Dès les premières images, le ton est donné : la bourge a un air pincé, porte un tailleur à motifs écossais et s’exprime comme à Versailles ; les populos sont bordéliques, fringués à la va vite, ils ne roulent pas en Mercedes mais en 205. Me voilà téléporté 35 ans en arrière, devant La vie est un long fleuve tranquille. C’est le même problème que dans le nanar de Chatilliez : si vous ne vous appuyez que sur des caricatures, vous n’êtes pas drôle. Les catholiques qui chantaient Jésus revient ne m’arrachaient pas un sourire, les deux couples qui offrent le même jeu de backgammon version de luxe et de poche pas davantage dans ce Pari. Tout va être à l’avenant.
Puisque le pari consiste à arrêter de fumer, on aura la panoplie de réactions attendues : le déni de toute difficulté à y arriver d’abord, puis la nervosité, la tentation de reprendre, les tensions au sein du couple, etc. Ça sent la tempête de cerveau entre Campan et Bourdon pour ne pas rater une vanne possible sur le sujet. Comme attendu, l’image est moche. Plus surprenant, c’est assez mal joué, tout le monde en faisant des tonnes.
Certes, il y a des moments drôles : on sourit une dizaine de fois et rit franchement deux ou trois fois. Je pense à la scène où Didier et Bernard se retrouvent dans la chambre aux poupées, hébergés par le personnage que joue Laspallès. Ou aux expressions déformées par la femme du pharmacien ("tu te mouches pas de l’huile de coude"). Ces moments font figures d’exception : le plus souvent, le niveau est consternant. Rien de plus subjectif que l’humour, me direz-vous : le film de Chatilliez me laisse de marbre mais je marche aux Bronzés 1 et 2 (le 3 est du même niveau que ce Pari)... Je lis que la pochade de Bourdon et Campan fut un succès au Box Office. Un véritable encouragement à poursuivre pour les deux acolytes, contraints par leur producteur de se produire sans leur troisième compère. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. La démonstration, sur le terrain de l’humour, est ici éclatante.