A ma grande surprise, mes éclaireurs n'ont pas accroché autant que moi à ce film. Et notamment celui-ci, en tout cas, si on s'arrête à la note. La critique étant plus mesurée. Constatant quelques défauts, je considère quand même que sur l'essentiel, ce film propose quelque chose d'ambitieux sur le fond et la forme, et que la promesse ambitieuse est tenue.
Un film fantastique français ?
Indéniablement, on a accordé un peu de budget à ce film. A quelques exceptions près, les effets spéciaux, les maquillages, sont plutôt réussis. Les courses dans la forêt, dans la nuit, également. Et ça, c'est fort. Un film à grand spectacle fantastique fabriqué en France, c'est assez rare pour être souligné. Le cinéma français souffre souvent de manque de souffle. Il a souvent beaucoup de choses à raconter, et il les raconte bien sur le fond, mais la forme est moins présente. La forme au sens grand public du terme. Un truc un peu épique, quoi. Bref, du grand spectacle, du fantastique, auxquels s'ajoutent une histoire forte et une parabole qui proposera plusieurs niveaux de lectures.
La subtilité du fantastique
Cailley nous plonge progressivement dans un monde un peu différent de celui que nous connaissons : pas de spoiler ici, certains humains se transforment progressivement en animal. On rentre dans ce monde par une famille dont l'épouse / maman est en train de basculer. Par petites touches progressives, on voit ce que cela implique. L'étrangeté commence par survenir d'abord dans le quotidien. La scène du supermarché est très réussie à ce titre. On voit les corps se transformer par morceaux, qui les poils ou les écailles ou les plumes, qui le squelette, qui les sens se développant. Jusqu'à cette scène précédant la fin, saisissante.
L'utilité du fantastique
Mais que serait le fantastique s'il n'avait pas de message à nous faire passer ? Ici, au choix, parlons des affres de l'adolescence (le corps qui change, drastiquement, c'est vrai), la façon dont nous traitons les migrants (comment ne pas penser à la Jungle de Calais ?), les gens différents, et évidemment, la façon dont nous avons éradiqué la nature et les "grands" animaux de notre vie sauvage, particulièrement européenne.
Thomas Cailley questionne notre humanité, ce qui la construit, ce qui nous en écarte. L'humanité est-il d'abord question d'apparence, de conscience ou de traitement des autres humains ?
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