Parfois un film ravive le souvenir d’un autre film, comme si tout à coup le film s’échappe de lui même pour en laisser exister un autre. La scène au sommet de la tour de Le Retour laisse exister aussi la scène de la tour du Cri d’Antonioni. Même ascension pour une même fin tragique. Monter jusqu’au plus haut d’un paysage désertique, le contemplait peut-être et puis mourir. Si Sviaguintsev y fait référence, la douleur est doublée car hantée déjà par un autre fantôme qu’on sent rôder, attendre son futur compagnon de route. Le cinéma c’est aussi, l’image et puis l’histoire des images. Comme la fin du Retour, quelques photographies se succèdent sur fond noir au son d’une pluie fine. L’eau qui noie, contamine,abîme, emporte tout sans laisser de trace, l’absolue indifférence du monde, c’est l’ordre des choses.