Avec Les Cavaliers, John Ford nous plonge dans l’errance militaire avec ses hasards, ses rencontres, ses disputes fraternelles ; l’impression qui s’en dégage aurait à voir avec le piétinement : la descente dans le Sud semble immobile, Bâton Rouge inatteignable puisqu’on ne le gagne jamais. La coupe finale traduit d’ailleurs la focalisation du réalisateur, à savoir l’affrontement de deux caractères, l’un formé sur le terrain, l’autre dans les manuels et à l’école ; ils en viennent aux mains mais se sauvent mutuellement, se serrent la main comme reconnaissance réciproque d’une grandeur que l’autre ne soupçonnait guère. Les Cavaliers c’est le récit d’un apprentissage – trait fondamental du geste fordien – doublé d’une peinture sans concessions de la guerre et de son absurdité. De très belles compositions de plan rappellent les tableaux de Delacroix. Œuvre forte mais qui dispose d’un récit trop foutraque pour véritablement convaincre – on ressent les coupes, les manques, les précipitations –, le film demeure une belle reconstitution historique portée par de très bons acteurs. À découvrir.