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le 7 juil. 2019
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Je suis allé le voir à l'heure de ma sieste, alors j'ai fermé les yeux pendant les explications philosophiques. Le problème est qu'il s'agissait d'une séance en japonais. Je suis aussi parti avant la séquence postgénérique (bientôt des films avec 1h50 de générique et 10 minutes de récit?). Heureusement que la veille j'étais tombé sur la rediffusion d'une émission sur le dalai lama où il expliquait dans une conférence à 110 euros la place que tout était dans tout.
Ce film a l'audace de choisir l'absence de tension dramatique artificiellement plaquée pour impliquer le spectateur, et lui préfère un rythme contemplatif. Quasiment expérimental, il nous fait partager le cheminement de son héroine, d'abord chagrine d'être isolée d'un groupe, qui à la suite d'une expérience psychédélique réalise que la séparation n'est qu'une illusion de nos consciences étriquées (comme lorsqu'on est le seul à ressentir sa gueule de bois). En "réalité", on baigne tous dans la même merde. Yeah, yeah, oh yeah.
Pour assurer le trip certains avalent des champignons, elle c'est un caillou.
Le "character design" est fidèle au style unique du dessinateur du manga, ce qui est louable mais aboutit paradoxalement au retour des grands yeux de poisson inexpressifs à une époque où les animés qui sortent en salles françaises ont adopté un trait plus anthropomorphique (mais toujours "kawai", et surtout trop lumineux). Comme à l'habitude, les personnages se meuvent dans un monde hypperréaliste, mais là encore par une relative fidélité à l'oeuvre originale, la coupure stylistique reste plus douce que dans les mangas commerciaux - dans certains passages impressionnistes, certains paysages semblent même réalisés à l'aquarelle - et c'est un très joli bord de mer.
La manière dont certains éléments se répondent illustre la logique d'interconnection du film (végétation "envahissante" en ville, statuettes de hibou et de dauphin chez la fille...).
On retrouve quand même deux de ces personnages androgynes qui plaisent tant aux japonaises.
La musique de Joe Hisaishi, tantôt en 5 temps, rappelle les oeuvres de Philip Glass pour de précédents films écolos comme Powaqqatsi, et son côté "sériel" convient bien à l'expérience de transe chamanique (pour ceux qui sont VRAIMENT entrés dans le film).
Les passages explicatifs sont vraiment trop nombreux, même s'ils insistent de manière intéressante sur le rôle du (chant des sphères?) son, les good vibrations man! et sur le chant des sir-des baleines, à la fois vieille antienne new age et véritable sujet d'étude fascinant (ces animaux scannent littéralement l'intérieur des corps avec leur sonar, leur gamme est plus vaste que ce que perçoit l'oreille humaine, et comme il est dit le son leur permet de communiquer à des centaines de km de distance...).
Au sortir de la séance, un orage s'annonçait... L'eau du ciel allait se déverser sur la terre. Tout est lié, man. Fais tourner le crapaud.
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Créée
le 13 juil. 2019
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