C'est d'abord un couloir. Un long couloir qui le fait quitter sa loge, close, pour le mener à sa thérapie: la scène. Guillaume, face à son public. Pas de meilleur psychologue. Après être passé devant maints médecins en tout genre, Guillaume a enfin trouvé le moyen de se confesser. Le problème de ce jeune homme? Il n'accepte pas le garçon qu'il est. Son rêve? Devenir la fille que sa mère envie.
Après avoir enlevé son masque au début du film, Guillaume raconte son histoire dans les moindres détails, non sans humour. Miraculeuse interprétation de la part de Guillaume Gallienne dans son double rôle de Guillaume et de sa mère. Un face à face poignant, une dualité entre le fils efféminé et la mère très masculine. Dilemme. Comment plaire à son père, en imitant sa propre mère?
Pauvre enfant qui, pour se trouver et s'accepter tel qu'il est, va devoir franchir des étapes, toutes plus traumatisantes mais enrichissantes pour lui, hilarantes pour nous.
Chaque personnage est caricaturé à la perfection. Comme la série de psychiatres qui s’enchaînent à merveille. Avec le garçon manqué, l'homme qui lui demande de parler de son tuyau, celui qui pose des questions absurdes. Se trouve également la famille de Guillaume dont chaque membre singe les reflets de notre société. Il y a le père sportif qui refoule son côté féminin, la grand-mère atteinte d’Alzheimer, une tante qui a le cancer. Chaque rôle secondaire est redoublé d'humour, et les clichés qu'ils portent en eux vous feront vous esclaffer. Comme la vision très restreinte d'une tante de Guillaume quant à l'homosexuel, qui dit : « En Californie les PD sont soit antiquaires soit fleuristes. Tu veux pas être antiquaire Guillaume ? ».
Autre que le côté comique, le film est intéressant sur le rapport théâtre et cinéma. La transposition à l'écran faite par Gallienne de son propre spectacle, permet d'avoir un nouveau regard et d'apporter des éléments novateurs. Le film débute donc dans les coulisses par la phrase « ça commence dans 5 minutes !», ce qui permet au spectateur de rentrer dans l'histoire avant même qu'elle ait commencé. La transposition au cinéma permet également de franchir la rampe, et de nouer un lien entre la scène et le quatrième mur que le comique doit affronter.
Naît-on homme ou femme ? Le devient-on ? C’est ce que se demande Guillaume. En se mettant dans la peau de Sissi, en imitant les femmes de sa famille, en observant avec distinction le souffle des filles qu’il côtoie. Il pense être une fille, car il souhaite le devenir. Mais se serait-il trompé ? Guillaume serait le stéréotype même de l’homosexuel. Son apparence donnerait à juger aux personnes qui le verrait. Impossible pour lui de se faire accepter tel qu’il est. « Soit tu es 100% hétéro, soit tu es 100% homo » lui dit sa mère. Il faut alors choisir. Rentrer dans les normes. Normes dont Guillaume ne fait pas partit.
Ce film sert donc à Guillaume Gallienne de raconter, à tous, ces problèmes de vie, sa confrontation avec ses peurs, son acceptation avec lui-même. Les garçons et Guillaume, à table ! est donc un bijou de la comédie avec une réflexion sur l’image de soi.