Les geishas, le fantasme de l'occidental :
une oeuvre d'art vivante comme le théâtre nô ou la cérémonie du thé et un symbole de beauté comme le Fujiyama
voilà ce qu'on enseigne aux jeunes apprenties et surtout aux "maiko" , les geishas de haut niveau : un rêve que nourrit Eiko, orpheline de mère, 16 ans, la fraîcheur incarnée, qui s'en remet à la belle et expérimentée Miyoharu qu'a bien connue son père, pour devenir cette "maiko de carte postale", sachant danser chanter, jouer de la musique, évoluer avec grâce en toutes circonstances dans les maisons de thé où se rendent les riches clients.
Portrait magnifique de deux femmes, qui à leur façon vont tenter de résister à l'asservissement auquel les contraignent les hommes : d'un côté la jeunesse , l'enthousiasme et la fougue de Eiko, devenue Miya, qui se refuse à salir ce merveilleux conte de fées dont elle se voit l'héroïne, mordant jusqu'au sang le vieux Kusuda qui s'est jeté sur elle, et de l'autre Miyoharu sa "soeur aînée", plus âgée moins jusqu'au-boutiste, liée par sa dette, qui connaît l'art du compromis et va y céder.
Un univers féminin que le cinéaste a superbement rendu, montrant une fois de plus la toute puissance de l'argent, les geishas sous couvert d'art et de beauté n'étant qu'une monnaie d'échange, des femmes qui savent se vendre, un alibi pour l'homme arrivé qui méprise les prostituées et se donne bonne conscience en fréquentant des geishas, symbole de culture, de raffinement, mais surtout de soumission.
Et en filigrane, la relation fusionnelle d'une mère et d'une fille unies dans un sort commun et y puisant leur force : un très beau film.