Si le propos et le contenu du film sont d'un rare véhémence envers une certaine Italie, j'ai tout de même un peu de mal à crier au chef d'œuvre.
Le problème je pense (en tout cas pour moi) est finalement symptomatique de l'écriture du cinéaste, à savoir nous immerger immédiatement dans une situation déjà bien vérolée pour une psychologie torturée et malsaine qu'on aura pas eu le temps de voir évoluer pour arriver à maturation. La situation au début des Poings dans les poches, et dans beaucoup de films à venir, est un postulat un peu trop imposé. Pourtant j'adore les mises en place percutantes et efficaces qui condense l'action et les informations. Mais le problème avec Bellochio est un peu différent car cette immersion joue en défaveur de l'implication d'autant que par la suite sa narration prend plus de temps. J'ai presque envie de dire qu'il y manque une force viscérale et que le déséquilibre est, de base, trop conséquent. Comme si la réalisation ne parvenait pas toujours à traduire visuellement la virulence du scénario.
Cela dit pour les poings dans les poches, ce n'est pas vraiment le cas puisque le film déploie un univers des plus pervers mais avec une sorte de retenue, de nonchalance, de calme et de distanciation qui semble banaliser et atténuer le comportement choquant de Lou Castel. On n'a pas vraiment l'impression que le film cherche à condamner ses actions, comme si elles étaient au final logiques et normales. Même les autres personnages qui les observent ne semblent s'en offusquer (pas tout le temps disons) pour devenir des complices plus ou moins passifs
Avec ce refus de la réalisation "coup de poings" et de l'explosion de rage, le film en devient plus provoquant, grinçant et immoral avec ses nombreux tabous brisés : assassinat des membres de sa famille, relation incestueuse, raillerie de la religion, plus aucun respect pour les traditions et le passé... Le tout avec une sorte de candeur espiègle (sans tomber dans la parodie ou la comédie à l'italienne)
Le risque était donc de se sentir un peu extérieur et simple témoin peu concerné par ce jeu de massacre, humain et symbolique. Tout en lui reconnaissant une réelle audace, du brio et un excellent casting, j'ai donc du mal à m'enthousiasmer pleinement pour ce premier film remarquable auquel je reconnais beaucoup de qualité. Le genre de titre que j'adorerait adorer sauf que ça coince presque inexplicablement. D'où un texte un peu brouillon et flou