Ça fleure bon le film français... de cape et d'épée

Fallait s'y attendre. La critique a la dent dure pour cette énième adaptation du roman de Dumas. La plupart des reproches sont fondés : des scènes de combat filmées comme des pugilats de saloon, une narration qui s'emballe au premier galop de cheval et des emboîtements narratifs à la Lupin dans un espace/temps dissolu qui voit l'Angleterre à portée de Thalys de la France sans parler du combo langagier qui mêle le moderne et l'ancien dans une redite de L'esquive où Marivaux se jouait à la sauce banlieue.

Mais là n'est pas l'essentiel. La reconstitution historique cherche la connivence avec le présent en optant pour un ton direct qui frise avec la caricature. Pas ou peu de subtilités psychologiques. Les personnages sont des rouages au service d'une narration qui part d'un point A pour aller vers un point B (sachant qu'une suite est prévue). Les plans sont agencés pour donner de la cadence à l'ensemble et articuler entre elles une série d'intrigues qui va donner du piment à l'enquête, un peu convenue, des bijoux de la reine. Or, il faut reconnaître que cette approche fonctionnelle, cette distance dans le ton modernisent le propos historique et lui permettent de s'actualiser. On ne sait plus comment vivaient les hommes et les femmes au XVII siècle mais on se doute bien que la plupart devaient lutter pour survivre. Filmer les protagonistes tandis qu'ils agissent avec le minimum de recul sied bien à cette âpreté. De même, leur psychologie primaire qui passe pour du cynisme était avant tout un pragmatisme de bon aloi où les pulsions de base avaient le droit de cité. Le Mousquetaire, homme complet qui vit et meurt avec panache est le trait d'union entre le film et le spectateur mais aussi entre le passé et le présent.

Le ton est suffisamment léger et emporté pour permettre cette identification. Nous expérimentons, depuis quelques temps, une forme d'accélération du cours de l'histoire. Cela nous sort de notre léthargie et nous ouvre les yeux sur le monde qui nous entoure et ses périls. Peut-être sommes nous prêts à renouer avec ce genre de film qui prend pour cadre une société injuste et trouble dans laquelle nul n'a tout à fait tort ni tout à fait raison mais où le plus rusé l'emporte à fortiori s'il fait partie d'un groupe...

ninoim
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le 17 avr. 2023

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