Vittorio Cottafavi n'a pas fini cette co-production franco-italienne qui fut terminé par Carlo Ludovico Bragaglia. En effet il quitta la production au bout de 5 semaines suite aux trop nombreux désaccords avec Louis Jourdan, sa vedette principale. On devine pourquoi avec d'un côté Cottafavi et son désir d'une certaine maturité plastique et intellectuelle et de l'autre Jordan qui tire clairement le film dans le pastiche avec une interprétation délicieusement anachronique.
Contre toute attente, le mélange des deux fonctionnent vraiment bien pour un film très ludique qui propose des personnages largement plus complexes et intelligents que la moyenne tout en exploitant un second degré savoureux pour une sorte de décontraction qui ne se prend pas au sérieux.
Selon cette logique, les scènes d'action sont presque inexistantes, excepté au début et à la fin (et qui rejouent la même bataille en fait). En revanche, la stratégie et la psychologie ont toutes leurs places, même dans la légèreté. De plus les dialogues sont très drôles et sonnent très modernes pour un duo Jourdan/Nicole Courcel (super mignone) qui fonctionne très bien.
Le gros point noir provient de son budget famélique qui fait vraiment pitié où tout semble bâclé à l'arrache : costumes, décors, direction artistique, reconstitution, 2 thèmes musicaux en boucle...
D'un autre côté, le film aurait eu plus d'argent, il n'aurait sans doute pas pu conserver cette attachante liberté de ton très rafraichissante bien que guère crédible sur le papier (comme les centaines de vierges qui se font capturer par 5 cavaliers ennemis mais qui livrent une bataille farouche à la fin contre un nombre presque équivalent d'adversaires masculins).