L’enchanteur a bien gatouillé pour le coup.. Bon Dieu, mais quelle déception ! Que dire de ce film ? Peu de bons j’en ai peur.. je vais commencer par ce qui ne fonctionne pas dans ce film puis je passerais au peu qui a été réussi (et ce n’est pas un exploit).
Tout d’abord, si vous aimez les vrais visiteurs*, c’est-à-dire les deux premiers opus, ce film est aussi mauvais (voir pire) que le l’opus transgénique en Amérique. C’est la mort dans l’âme que je dois malheureusement descendre ce film. Déjà, rien que l’introduction est un texte qui défile : ce qui n’augure rien de bon si on le compare avec les introductions passées qui elles étaient drôles et surtout recherchées. Et cela continue pendant un bon 20 min de film pour combler les trous du scénario et tenter d’apporter une explication plus qu’inutile à ce qui se passe sous nos yeux.
Ensuite, la narration du film est parsemée d’incohérences qui nuisent au film. Celles que je retiens ce sont les apparitions de la famille d’Eusebius. La fille d’abord sait d’avance où les deux compères ont atterri à la fin du deuxième épisode : ce qui sort de nulle part et sert presque de deus ex machina pour donner un peu d’enjeux sur le retour de Jacouille et Godefroi. Cela revient quand les compères retrouvent le descendant D’Eusebius de la Révolution qui est retrouvé dans les dernières minutes du film et il était totalement au courant aussi... Bref ce n’est pas très subtil et l’écriture a connu des jours meilleurs. Qu’on se le dise, la cohérence dans ce genre de film n’est pas nécessaire en soi, mais si le comique en dépend, cela déserte le film et on en sort inévitablement. Or les anciens ont su judicieusement faire avec ces deux notions.
Concernant les acteurs, je ne peux pas dire que cela soit la fête non plus. Commençons avec les deux principaux : Jean Reno et Christian Clavier : on sent que les deux acteurs ont bien vieilli (même si c’est justifié dans le scénario par un effet secondaire d’un séjour prolongé dans les couloirs du temps) et paraissent bien fades. Reno peine à tenir le rôle du chevalier vaillant de jadis et Clavier à l’air de proposer une caricature de Jacouille, ce qui est un comble vu que Clavier à coécrit le film avec Poiré et il s’est arrangé pour mettre Jacouille en avant. À l’exception faite du personnage de Jacouillet où Clavier semble inspiré, le reste peine à convaincre. Pour ce qui concerne le reste du casting : aucun personnage ne marque : ils sont tous transparents et ne sont pas explorés pour ce qu’ils sont. Trop de personnage nouveaux d’un coup ? Sans doute, mais la faute peut revenir aussi à un script inégal et des acteurs peu convaincants, voire pas utilisés.
J’en viens maintenant à la structure du film. Si la réalisation est de bonne facture (ce qui est la patte de Poiré), je ne peux pas en dire autant de l’humour et de l’histoire qui sont tout de même le pivot de la licence. Si les anciens avaient su jouer et profiter d’un équilibre parfait entre un humour basé sur les différences entre le Moyen-âge et notre époque (enfin 1991-96 ^^) et des comiques de situations profondément absurdes, mais diablement réussi. Ici, l’humour se base sur un humour pipi-caca assez basique (on a tout de même que des feintes autour du purin et du pu qui émane de Jacouille, hmmm tasty !) et sur le fait d’insister que pendant TOUT le film : Jacouille pu... Mouais merci quoi -_-' L'histoire quant à elle semble être en pause pendant une bonne partie du film et ne semble pas non plus savoir où elle va. L'objectif de Godefroi, en bon chevalier chrétien qu'il est, arrive au moment où la royauté est menacée et son but est clair: remettre le dauphin sur le trône de France. Pour se faire, il détourne ses descendants en pleine fuite pour aller vers Paris. Une fois arrivé là, il abandonne purement et simplement cette quête et laisse tomber sa famille en plein Paris pour trouver un moyen de rentrer chez lui. C'est là que le développent des Montmirailles s'arrête pour passer chez la famille de son compère Jacouille, laissant sa famille devenir inutile pour l'intrigue. Bref, je me suis demandé où est ce que le film allait.
je termine cette partie en parlant d’un défaut que j’ai trouvé à ce film : son rythme. Pour un film de 1 h 45, il m’a paru le double. Vous savez, c’est ce sentiment qu’il va arriver quelque chose, mais que ce quelque chose n’arrive jamais. Il en va de même avec les blagues : de bonnes choses et pas de chute. Le résultat est que le film parait ne pas savoir où aller et se perd, même dans les parties les plus simples.
La fin fait transporter nos deux moyenâgeux en pleine France sous l’occupation nazie où l’on retrouve les nouveaux personnages avec les évolutions provenant des personnages laissés depuis la Révolution.
Si ça peut être sympa de voir des liens de causes à effets dans le film, il ne faut pas oublier les anciens films : où se trouve la dentelette qu’il fallait absolument rapporter à la fin du deux ? Je ne l’ai pas vu.. Comme si cet élément du scénario avait été zappé, or il en valait de la lignée des Montmirailles tout de même.. Enfin bref, le scénario est assez chaotique et n’apporte pas vraiment de valeur ajoutée à licence, tout juste le film peine a poser des bases pour une suite qui semble déjà boiteuse (à moins qu’elle ne réponde aux questions, mais c’est tout de même assez fainéant dans ce cas).
Je termine ma critique avec les points positifs. J’ai trouvé que quelques scènes étaient biens : le début et la fin, les seuls moments où j’ai vu un film des visiteurs. À cela, j’ajoute deux-trois scènes sympas au milieu, mais sans plus. Ensuite, j’ai bien aimé le fait d’inverser les rôles et de mettre les Jacouillet en avant (même si ça prive les Montmirailles d’un quelconque développent). Cette inversion montre comment les rapports de forces se sont inversés dans les deux films précédents et les références sont assez riches, ce qui montre une grande part de nostalgie, mais ici bien placées.
En conclusion, je dirais que ce film est une grosse déception, bâclé et j’oserais même dire l’épisode de trop. Même si je salue la prise de risque avec un tel projet près de 20 ans après, le résultat est clairement en dessous des espérances, malgré des idées intéressantes et quelques sketches réussis. En gros, ça ressemble aux visiteurs, ça nomme comme eux, mais la potion n’a pas pris cette fois. La seule différence ici est que je ne peux pas blâmer les Américains d’avoir payé un gros chèque à Gaumont pour avoir un énième remake US bidon. Nous avons à la place une suite sans âme et à plusieurs siècle de la richesse et de la justesse des anciens. Comme la promesse d'un film des Visiteurs toujours coincé dans les couloirs du temps.
"Que trépasse si je faibli!" Ah oui merde, c'est arrivé..