Les histoires de voyages ont toujours (ou presque toujours) deux niveaux de lecture : il ne s’agit jamais seulement d’un déplacement géographique d’un point à un autre, mais aussi d’un déplacement métaphorique de l'ordre du voyage intérieur. Dans Radiant Sea [+], le jeune réalisateur allemand Stefan Butzmühlen dépeint l’un de ces voyages, par-delà la mer, un élément en constante évolution qui accompagne parfaitement le parcours personnel du personnage principal, un jeune homme. Le film a été présenté en avant-première mondiale au Festival Crossing Europe de Linz.
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Le personnage principal, Marek (Martin Sznur), d’origine allemande, fuit la ferme de ses parents et le rude climat de laPoméranie occidentale pour aller vers des régions plus ensoleillées. Ainsi, guidé par le soleil, il rallie d’abord Dunkerque, puis Saint-Nazaire, où il embarque dans un cargo en compagnie d’un Français, Jean (Jules Léo Sagot), qui va lui faire découvrir un nouvel horizon, un horizon où amour et passion remplacent le vide existentiel qu’il cherche à combler. Leurs relations intimes et sexuelles en haute mer plongent les deux personnages dans une odyssée qui les conduira sur l’île de leurs rêves ensemble… ou peut-être pas – car quand les deux amants retrouvent enfin la terre ferme, à l’arrivée du bateau en Martinique, bien qu’ils se trouvent tous deux physiquement au même endroit, chacun est submergé par son univers intérieur.
C’est sur cette notion très intime de l’espace que Radiant Sea met l’accent par sa mise en scène, utilisant les paysages naturels de cette île bordée par l’Atlantique et la mer des Caraïbes bien plus que comme de simples décors. Butzmühlen établit ainsi un film à deux niveaux. Le premier présente l’intimité qui s’installe entre Marek et Jean, esquissée à travers les regards éloquents et les scènes d’amour musclées entre les deux hommes. Le deuxième pose un regard sur le monde qui les entoure dans un style proche du documentaire : la hiérarchie des travailleurs à bord du cargo est décrite dans le moindre détail, le travail effectué sur le bateau est montré au cours de longues séquences bercées par la musique de Madame Butterfly, enfin, les décors naturels de la Martinique nous offrent des images fascinantes - telles que cette promenade nocturne parsemée d’innombrables lucioles... Un autre des outils utilisés est la voix off (de Marek) qui commente les relations entre les deux hommes lorsqu’ils restent silencieux, accentuant un peu plus l’aspect documentaire du film. La mise en scène et l’intrigue de Radiant Sea pourraient être encore plus poignantes, mais Butzmühlen n’en réussit pas moins à dépeindre un voyage intéressant, empreint d’une honnêteté simple.