Au vu des nombreuses nominations aux oscars et des prix reçus, on peut s’attendre à beaucoup d’un film, et parfois un peu trop et en ressortir déçu, d’autant plus lorsqu’il commence avec l’avertissement « inspiré d’une histoire vraie » qui est bien sûr aguicheur. Mais ce n’est PAS le cas de ce film, qui les mérite très largement.
Non seulement les images qui introduisent le film sont sublimement cadrées, et cela continue d’ailleurs tout au long du film, mais en plus l’histoire est tout aussi bien entreprise. Le film relate l’histoire d’un garçon nommé Saroo et qui a une enfance heureuse en Inde aux côtés de sa mère et de son frère, bien qu’entouré de misère. Dans un concours de circonstances, il va se retrouver perdu dans un train à des milliers de kilomètres de sa maison, qu’il sera incapable de retrouver. Il va à plusieurs reprises échapper au trafic d’enfants, qui se trame à Calcutta. Finalement, il sera accepté dans un orphelinat grâce auquel il sera adopté par une famille australienne. Mais en grandissant, Saroo va se souvenir de sa mère biologique, qu’il va vouloir retrouver, et qu’il va chercher sans perdre sa détermination pendant des années.
Selon moi, ce qui fait la force de ce film est surtout la démarche des parents adoptifs, qui ne le font pas par incapacité de procréer, mais au contraire par choix conscient. Ils se sacrifient d’une certaine manière, car comme le montre l’arrivée du deuxième enfant adoptif, ce choix peut se révéler extrêmement compliqué et destructeur. Alors que tout le monde sait pertinemment que des milliers d’enfants sont orphelins, la mentalité qui malheureusement persiste dans notre société occidentale est celle égoïste (qui découle probablement d’une forme d’amour-propre) d’après laquelle les gens veulent avoir leur propre enfant, comme si c’était un moyen d’immortalité assuré par la descendance, qu’ils veulent afficher par leur fierté. Les relations entre les parents d’accueil et Saroo sont à la fois émouvantes et dures, car comme le dira très justement Saroo lorsqu’il sera grand, adopter un enfant, c’est aussi adopter son histoire, ce n’est pas une « page vierge ». Le réalisateur ne cherche pas à aseptiser la réalité de la nature humaine, au contraire, il en montre à la fois sa beauté et sa cruauté à travers un pays tel que l’Inde.
Bref, ce film constitue une leçon de vie et même si ceux qui se sont déjà intéressés à l’adoption n’y apprendront probablement rien de plus, les valeurs que prône le réalisateur étant inhabituelles à celles transmises par la société, on ne peut que l’apprécier et espérer que cela fasse changer les consciences.