Vendu comme la sensation horrifique indépendante de l’année 2024, Longlegs est surtout le film d’un gros malin parvenu à capitaliser sur des filiations cinématographiques pourtant éculées ainsi que sur la présence au casting de Nicolas Cage afin de créer l’événement. Son réalisateur, Oz Perkins, dissimule d’ailleurs mal cette prétention qui l’habite en interview, briguant avec ce thriller une place aux côtés de Seven (dont il recopie son générique de fin inversé) et surtout Le Silence des Agneaux, auquel il doit tout, de son personnage principal à son cadre pastoral. Certaines séquences s’évertuent même à rejouer l’intense séquence finale du classique de Jonathan Demme, transformant les intérieurs explorés par son héroïne en dédale de couloirs et d’escaliers comme représentation de sa psyché. Malheureusement, cette comparaison ne plaide pas en faveur du film de Perkins, bien moins ficelé et retors que ses modèles tant dans le fond que sur la forme, usant par exemple d’une panoplie d’effets tapageurs et très en vogue – avec force musique dissonante - pour susciter l’effroi. Les limites visuelles de Longlegs s’entrevoie d’ailleurs rapidement : ces paysages et ces visages invariablement filmés en grand angle dans le but de créer une terreur panoramique rend l’expérience vite monotone.
Et le fond de souffrir des mêmes maux que sa forme. Recourant à des ficelles bien connues des amateurs de thriller, l’intrigue, correcte au demeurant, peine à soulever les passions. Sans surprise, il sera question ici pour l’enquêtrice vedette d’explorer une part inconsciente de son enfance – et de s’y confronter – pour résoudre cette affaire dont la progression inattendue vers le surnaturel ne bouleverse finalement en rien la narration, son rythme et son imagerie. C’est que Longlegs, à l’image de nombreuses productions analogues (plus particulièrement celles du studio A24), est un thriller horrifique dont la prétendue recherche de sophistication le conduit à prendre de haut le genre qu’il visite : les éléments fantastiques et les accès de violence ne sont ainsi que pur folklore d’arrière plan ou de hors-champ, égayant un récit criminel psychologique très creux.
Les acteurs, eux, font le job, même si Maika Monroe, contrainte de jouer la carte de l’hypersensibilité tendance dépressive, n’a pas ici l’occasion de véritablement montrer toute l’étendue de sa palette d’actrice. Nicolas Cage, comme Anthony Hopkins trente ans avant lui dans la peau d’Hannibal Lecter, n’apparaît quant à lui à peine quinze minutes sur les quatre-vingt-dix que compte le métrage. Et si ce rôle lui permet d’ajouter une nouvelle corde à son très riche arc de personnages dégénérés, son interprétation hallucinée et outrancière s’articule mal avec celle du reste du casting.
Je précise néanmoins : Longlegs n’est pas un mauvais film ; aucune aberration, c’est bien éclairé et techniquement très propre. C’est juste un film moyen qui se donne des airs de classique du genre sans en avoir véritablement l’étoffe.