Je crois ne pas me tromper si je dis qu'en France, les Beach boys sont perçus comme une espèce de boys band horripilant et ringard dont on se souvient principalement pour la musique de Babybel.
Ok.
Pour moi aussi, au début, les Beach Boys, c'était à peu près ça.


Et puis.. J'ai découvert Pet Sounds et ses ballades mélancoliques, ses cantiques pop. J'ai découvert Sunflower et Surf's Up, deux chefs-d’œuvres aux harmonies complexes et évidentes à la fois. J'ai vu Brian Wilson en concert sur la tournée de Smile (pur moment de bonheur). J'ai lu une bio des Beach Boys, vu un téléfilm sur le groupe. Bref, je n'arrivais pas vraiment en terrra incognita en allant voir Love & Mercy.


J'avais très envie de voir le film, mais je redoutais aussi les choix opérés par le réalisateur.
Euh, John Cusack dans la peau de Brian Wilson âgé ? Les deux hommes n'ont absolument aucune ressemblance physique, alors que Paul Dano fait un Brian jeune proprement époustouflant.
Le film s'ouvre également très bizarrement : deux ou trois séquences pré-générique / générique / post-générique se suivent, laissant craindre une sorte de film à sketches à la "I'm not there".


Et en fait, non.
Voilà enfin (ENFIN) un film qui traite intelligemment de la vie d'un musicien.
Le scénariste est assez habile pour ne pas vouloir traiter TOUTE la vie de Brian Wilson de manière linéaire : exit les contacts avec Charles Manson, les innombrables procès avec Mike Love. Tant mieux : du coup, peu de longueurs viennent perturber le fil de l'histoire, et les deux périodes évoquées se répondent de manière harmonieuse. L'histoire d'amour avec Melinda Ledbetter paraîtra peut-être un peu mièvre, ou la tyrannie du Dr Landy exagérée ; mais quand on s'est documenté un minimum sur la bio de Brian Wilson, on sait que la fiction se situe probablement en-dessous de la réalité...


Joie du mélomane / musicien ensuite : à plusieurs reprises, on a l'impression de se retrouver dans la tête de Brian Wilson. Les séquences consacrées au travail en studio sont d'un réalisme criant et révèlent le génie du personnage principal, prêt à révolutionner les anciennes techniques, à s'asseoir sur la propreté de l'enregistrement pour y faire surgir la vie...


Et puis, il y a les acteurs. John Cusack, précédemment cité, se fond dans son personnage avec une aisance époustouflante. Certes, il ne lui ressemble pas du tout, mais j'ai retrouvé tous les moindres tics de Brian : regard vide, perdu, sourire triste, mains crispées, bouche tressaillante... Paul Dano s'en sort évidemment avec les honneurs, et Elizabeth Banks, aussi belle que touchante, donne une grande humanité à Melinda. N'oublions pas Paul Giamatti qui sait décidément tout faire et se régale dans son rôle de psy pervers... Un casting en or.


En un mot, ruez-vous sur Love & Mercy : si vous ne connaissez pas les Beach Boys, ce film vous donnera une excellente occasion pour les découvrir... et si vous êtes déjà fan, préparez-vous à revivre l'histoire du groupe (et principalement de Brian) de la plus belle des manières.

LLectrice
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le 9 juil. 2015

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