Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan est le premier film français réalisé par Ken Scott, un cinéaste canadien surtout connu pour son film Starbuck (2011). Pour son dernier film, il s'attèle à l'adaptation d'une autobiographie de Roland Perez, un avocat qui est un chroniqueur radio assez connu (mais que moi, je ne connaissais pas). Pendant un peu moins de deux heures, nous allons voir défiler l'entièreté (ou presque) de la vie de Roland Perez qui tourne autour de sa mère, de Dieu et de Sylvie Vartan ... mais comme le laisse entrevoir l'affiche du film, sa vie tourne surtout autour de sa mère.
A savoir que Roland Perez est né avec une informité, un pied bot et que sa mère s'est battue durant plusieurs années pour qu'il puisse marcher comme les autres (sans attelle) et avoir une vie normale. Quand je dis une vie normale, je devrais plutôt dire une vie exceptionnelle, car elle ne veut que le meilleur pour son fils, que ce soit au niveau professionnel ou sentimental. Comme une maman poule, elle s'immisce partout dans sa vie, dans son cours de danse, auprès de son professeur de droit ... elle s'immisce même dans sa vie sentimentale, en lui promettant de lui trouver une femme belle et intelligente.
Esther qui est la mère de Roland, est jouée par Leila Bekhti qui traverse les âges, grâce au maquillage qui permet de rendre crédible son vieillissement. Roland quant à lui est joué par Jonathan Cohen qui n'apparait que dans la seconde partie du film (Roland adulte) et qui n'assure que la voix-off dans la première partie (Roland jeune garçon). Et enfin, Sylvie Vartan est jouée par Sylvie Vartan elle-même, dans son propre rôle. Lorsque le réalisateur veut monter la Sylvie Vartan des années 80 dans la première moitié du film, il a recours à tout un tas de subterfuges, comme des doublures lui ressemblant et si possible filmées de dos ou avec des angles de caméra et des jeux d'ombres qui cachent son visage. Il est quand même contraint d'avoir recours à du deepfake pour une scène d'interview et on peut dire qu'elle n'est franchement pas très réussie (pour le moins qu'on puisse dire).
La vraie star du film c'est la mère, elle qui vient du Maroc et qui a dû se battre avec son mari (Lionel Dray très touchant) pour obtenir tout ce qu'elle a. Elle veut donc la même chose pour son dernier fils et ne veut pas entendre le mot d'handicap. Et pour ça, elle compte sur Dieu, mais aussi sur Sylvie Vartan. Dieu est présent partout dans la vie des Perez, mais Dieu ne peut pas tout faire, alors elle se retourne vers Mme Vergepoche (Anne Le Ny) une rebouteuse qui va lui proposer tout un appareillage pour redresser le pied bot de Roland. Et pour donner un peu de motivation à Roland, il y a Sylvie Vartan que ses deux sœurs écoutent en boucle. Il devient donc ultra fan de Sylvie Vartan, connait toutes ses chansons par cœur et apprend même la lecture avec les paroles de ses chansons. Une fois adulte, avec une femme Litzie (Joséphine Japy) et une vie confortable, il devra couper le cordon avec sa mère qui va devenir pour le moins envahissante.
Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, c'est une comédie dramatique drôle et touchante, mais sans grandes surprises ... tout ça, c'est bien balisé comme il faut, quoi ! Ken Scott reprend tous les codes du feel-good movie et du success story à la lettre. Et quand il y a un deuil, on ne s'attarde surtout pas dessus, histoire de ne pas rendre le film trop "plombant". Il y a bien sûr la scène du mariage où tout le monde est heureux et avec une bonne dose d'humour grâce à l'intervention de la mère. C'est vraiment un rôle en or massif pour Leila Bekhti et on peut dire qu'elle s'en sort admirablement bien. Quant à Jonathan Cohen, il est impeccable, comme d'habitude. Et Sylvie Vartan dans tout ca ? Je dirais que c'est assez secondaire, c'est l'habillage sonore du film, très typé années 80.
Sur le papier, ça parait trop gros pour être vrai tout ça, le petit garçon condamné à boiter toute sa vie qui finit par marcher normalement, l'enfant star de la télévision, la grande carrière d'avocat, le succès radio, la rencontre avec Sylvie Vartan dont il finit par devenir l'avocat en titre ... il réussit tout ce qu'il entreprend, quoi ! C'est le parfait film success story et en plus, tout ça, c'est vrai. On aurait voulu l'inventer ce scénario, on aurait pas fait mieux. Et puis surtout, ce film c'est un bel hommage à toutes les mamans.