Maison de retraite par pierrick_D_

Milann est un jeune branleur irresponsable,un chômeur professionnel vivant aux crochets de son pote Sami,un avocat très sympa.Après qu'il ait commis une énième connerie dans son dernier emploi précaire,il doit pour éviter la prison accepter un Travail d'Intérêt Général dans une maison de retraite.C'est pour lui une dure épreuve car il a passé son enfance dans un orphelinat à cause de son grand-père qui n'a pas voulu le recueillir à la mort de ses parents.Depuis,il déteste les vieux mais ainsi que tout spectateur à peu près sain d'esprit le devine d'emblée,les anciens pas commodes et le petit connard à la redresse vont s'apprivoiser pour devenir à la fin les meilleurs amis du Monde.Bienvenue dans le "Kev Adams Show"!Voici un film produit par Kev Adams,écrit par Kev Adams d'après une idée originale de Kev Adams,qui a pour vedette un certain Kev Adams.C'est ambitieux de vouloir tout faire,et ça rapporte plus,d'autant que le film a cartonné au box-office,mais quand on fait tout mal ça donne un résultat peu probant.Peu importe cependant puisque le public s'est bizarrement déplacé en masse pour voir cette comédie jamais drôle,au point qu'un "Maison de retraite 2" est sorti il y a un mois.Et on n'est pas à l'abri que ça continue,à moins que les russes n'aient la bonne idée de nous en préserver.Ce premier opus a connu un tournage chaotique du fait d'avoir été mis en chantier durant la période Covid,ce qui est amusant car la situation des EHPAD a été mise en évidence à cette époque.Les petits vieux enfermés,isolés et dégommés au Rivotril de la réalité entrent curieusement en résonance avec ce qui arrive à ceux du film,ce qui est hélas totalement involontaire.Sans doute Kev a-t-il juste senti venir l'air du temps qui ne sent pas bon.Il est vrai que les scandales concernant le traitement infligé à "nos aînés",comme on dit poliment en novlangue post-moderne,ne manquent pas et ne datent pas d'hier.L'idée n'était donc pas mauvaise en soi mais c'est si atrocement foutu que le sujet disparait derrière une immonde couillonnade totalement dépourvue d'humour et déficitaire dans tous les secteurs.C'est réalisé par Thomas Gilou et on se dit que c'est lui qu'on devrait coller en maison de retraite tant semble loin le mec de "Black mic-mac" ou "La vérité si je mens!".La prod semble du reste l'avoir compris étant donné qu'il a été remplacé par Claude Zidi à la tête du deuxième opus.Quoi!,vous insurgeâtes-vous,mais Zidi est encore plus tapé,s'il n'est pas déjà mort!Ah mais oui parce que non,attention et halte au feu,il s'agit de Cloclo Junior,le fils!Quoi qu'il en soit Gilou nous sort une mise en scène à deux de tension à peine digne d'un téléfilm de service public.On ne s'attend certes pas à du Marvel avec montage super cut et image qui bouge dans tous les sens mais quand on commence à se demander si le mec derrière la caméra ne serait pas des fois légèrement décédé sans que quiconque ne s'en aperçût,c'est très mauvais signe.Sinon la photo est franchement dégueu,genre Momo fait son reportage amateur dans la téci pour vomir ça sur son Instagram,la musique est sinistre et à gerber et le scénario est frappé de catalepsie mortifère.Grossièrement rédigée,l'histoire se traîne au gré de ses errements caricaturaux et prévisibles.C'est en plus complètement invraisemblable,ce qui sur un thème aussi quotidien et réaliste est très fort.Voilà un directeur d'EHPAD qui parvient à remplir sa taule avec uniquement des pensionnaires riches et n'ayant aucune famille,aucun ami,aucune connaissance susceptibles de s'interroger quant à leur sort,et qui sont de plus assez cons pour lui avoir signé des papiers faisant de lui leur unique héritier.Et le gars empêche ces pauvres de gens de sortir et de communiquer avec quiconque en-dehors des membres du personnel,tout ça sans que personne ne se pose la moindre question.On peut dire que Kev ne s'est pas fait chier et est allé au plus simplet avec son script de neuneu.Il se dit parfois que le gus est un humoriste mais il a l'air bien dépourvu quand il ne peut se fournir chez Seinfeld.Rarement a-t-on vu une supposée comédie dont la marrade est aussi absente,au point qu'on finit par croire que le comique n'était pas le but de l'opération,qu'on a voulu faire autre chose et qu'on ne nous a pas prévenu.De fait les rares gags sont antédiluviens et font dans le scato ou le crachat de purée,ces scènes surnageant de manière éparse à la surface de ce regrettable métrage,telles des étrons au fond d'une cuvette après un tirage de chasse imparfait.Si encore ça partait dans le cynisme et le vulgaire assumé on pourrait avoir un nanar trash mais rigolo.Mais là même pas,c'est ultra-plat et ça se prend grave au sérieux,l'intrigue partant assez rapidement dans le mélo moralisateur et la niaiserie d'une écoeurante mièvrerie.Du coup ce n'est ni drôle ni émouvant,c'est seulement nul à se pendre.Pour ce qui est de la distribution,le numéro très insuffisant de Kev la star plombe superbement le niveau.Mono-expressif,il se contente d'arborer en permanence une désolante tronche de naïf étonné par la vie,son jeu n'ayant ni justesse ni puissance.Un incroyable casting de vieillards a été réuni pour l'occasion.Ce luxueux attroupement aurait coûté une blinde il y a cinquante ans mais on sait que la vieillerie ne paye pas au cinéma et toutes ces ex célébrités de l'écran ont dû être bien contentes de trouver du taf à leur âge.Chacun a été casté sans subtilité afin de bien différencier les personnages et de leur donner une identité propre à ne pas fatiguer le faible intellect des consommateurs de ce genre de produits.Il y a donc Gérard Depardieu,carrément,pas encore l'objet d'une chasse à courre féministe,qui interprète le leader du groupe.C'est un ex boxeur,pas une première pour lui,sorte de brute pas aimable cachant un coeur d'or.Daniel Prévost fait l'Alzheimer de la bande,Jean-Luc Bideau l'homo cultivé et distingué,mais les femmes sont plus nombreuses.Normal,il est de notoriété publique que leur espérance de vie est supérieure à celle des hommes.Le gynécée comprend Mylène Demongeot en enrobée gentille,l'actrice mourra en décembre 2022 alors que le film était sorti en janvier de la même année,Firmine Richard en antillaise infatigable,Marthe Villalonga en aïeule portée sur la bagatelle et Liliane Rovère en maligne ironique.Antoine Duléry joue souvent les salauds et il ne se fatigue pas trop ici en directeur infect,déroulant mollement sa prestation très rodée.Dans les petits rôles apparaissent Jarry,qui fait comme d'hab sa tapette extravertie,Ludovic Berthillot qui fait comme d'hab son malabar antipathique et bas de plafond,Oussama Kheddam,comme d'hab sous-employé en caïd de banlieue ridicule et la révélation Omar Mebrouk,excellent en bon copain qui perd patience.Dans les interstices se glissent Marie-Pierre Casey,qui ne glisse plus sur les tables mais est encore vivante,Alessandra Sublet en journaliste,total contre-emploi,ou David Elmaleh qui est sûrement dans le coin parce que son fils Gad est très pote avec Kev.Et puis la curiosité du jour avec ce maire qui fait un discours.Le gars a un étrange accent étranger,ce qui à la limite ne surprend pas vraiment car de nos jours certains édiles ne parlent même pas français du tout,mais il appert que le zig n'est autre que le champion suisse de tennis Stan Wawrinka,qui lui aussi est copain avec Kev et qui coproduit le film.Notes et critiques de films de Thomas Gilou publiées précédemment:"La vérité si je mens!"-8,"La vérité si je mens!3"-7.Moyenne:5,6.