S’il y a bien un symbole vivant de la paix dans notre monde, c’est bien Nelson Mandela. Prix Nobel en 1993 partagé avec Frederik de Klerk, il aura consacré sa vie à lutter pour la liberté de son peuple dans un pays marqué par l’Apartheid, politique visant à séparer les populations d’Afrique du Sud en étant nettement en faveur des blancs. Mise en place après la 2e Guerre Mondiale, l’Apartheid ne sera abolie que près de cinquante ans plus tard grâce au combat d’un homme.
Lui consacrer une biographie sur grand écran était donc tout à fait naturel. Le choix de l’acteur principal étant, lui, beaucoup plus surprenant.

Révélé par la série Sur Ecoute (The Wire), c’est surtout grâce à la série policière Luther qu’Idris Elba est devenu un comédien populaire, aussi brillant dans les rôles de flics anglais que pour piloter des robots géants devant la caméra de Guillermo del Toro. S’il est aussi doué que charismatique, on ne s’attend pas forcement à le voir dans le rôle de Mandela. Trop grand, trop massif, il ressemble encore moins physiquement au Président Sud Africain que Morgan Freeman dans Invictus. Et pourtant, sans jamais chercher à prendre l’apparence physique de « Madiba », Idris Elba livre une des meilleures performances de sa jeune carrière dans un film aussi classique que réussi.

Justin Chadwick n’a manifestement pas cherché à maintenir une ressemblance physique avec celui dont l’histoire est basée sur sa propre autobiographie. Idris Elba incarne un Mandela grand, trappu mais tout aussi lumineux que ça soit pendant ses jeunes années ou après sa sortie de prison. Il n’est d’ailleurs pas le seul très bon choix de casting puisque Naomie Harris explose en Winnie Mandela. La comédienne s’ennuyait dans des bêtises (un petit rôle dans Skyfall, des apparitions chez les Pirates des Caraïbes), elle livre ici une éblouissante performance de femme d’abord amoureuse puis combative.

Grâce à ces formidables comédiens qui portent le film, le long chemin vers la réussite était tout tracé pour Chadwik. Le réalisateur de Deux Soeurs pour un Roi, remarqué par la production du film pour avoir réalisé Le Plus Vieil Écolier du monde en 2009, n’a plus qu’à mettre en image les écrits de William Nicholson qui fait, lui aussi, de l’excellent travail. Le scénariste de Gladiator s’approprie le sujet pour se focaliser sur son héros et raconter son histoire et son combat. Plutôt que de tenter la fresque historique colossale et ses répercussions sur le Monde, il se consacré à l’homme, à sa femme et à sa famille en priorité et parvient à faire en sorte que le récit soit souple. Beaucoup de biopics donnent l’impression d’être une succession de chapitres distincts, ici on ressent une impression de fluidifié assez impressionnante.

S’ouvrant sur la jeunesse de Mandela et s’arrêtant en happy end sur sa libération et les conséquences qui en découlent, le film déborde d’émotions et de beaux sentiments et devrait faire vibrer la population sud africaine en particulier. On peut quand même reprocher à Justin Chadwik de proposer une réalisation très académique. Des ralentis dans les champs de blés éclairés par le soleil couchant à la shaky cam lors de scènes de manifestations brutales, des grands plans de foule imposants aux cadres resserrées quand il s’agit de moments plus intimes, le film utilise des techniques vues et revues sans jamais chercher à être original ni même cohérent dans ses choix techniques. A noter, enfin, une très jolie chanson signée U2 en guise de générique final.

On peut donc sans doute qualifier Mandela Un Long Chemin vers la Liberté de film très scolaire. Techniquement, c’est totalement justifié tant le réalisateur ne prend jamais le moindre risque. Scénaristiquement, c’est vrai aussi mais au final n’est-ce pas le principe même d’une biographie, nous apprendre des choses sur la vie d’un homme ? Quand à Idris Elba, nul doute qu’il ira loin. Sa route à lui est encore longue, et elle devrait être ponctuée de succès.
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le 8 déc. 2013

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