Kate Fuller, une psychiatre débutante, est appelée sur les lieux d'un crime où une femme aurait étranglé son mari durant son sommeil. Pendant son interrogatoire, cette dernière clame son innocence et accuse une présence démoniaque dénommée Mara d'avoir posé ses sales pattes sur le lit familial et son époux. Une hypothèse forcément dure à avaler mais qui acquiert une certaine crédibilité lorsque Kate, victime d'une paralysie du sommeil, se met à voir une silhouette squelettique et d'apparence féminine déambuler dans son appartement à la nuit tombée...
Après "Slumber" où la belle Maggie Q affrontait un démon du sommeil, voici "Mara" où la belle Olga Kurylenko fait quasiment la même chose pour un résultat tout aussi navrant !
Dans le fond, renouer avec la confusion moyenâgeuse entre troubles mentaux et maux démoniaques dans le contexte de notre inconscient endormi est plutôt une bonne idée (d'autant plus qu'il y a un créneau à prendre côté épouvante depuis que Freddy Krueger est en congés forcés), le sujet est une belle source de fantasmes obscurs et possède un fort potentiel cinématographique grâce à son univers faisant intervenir un côté évidemment onirique mais, si les intentions sont alléchantes, le résultat, lui, les musèle constamment dans une mécanique archi-prévisible d'enquête surnaturelle dont tous les ressorts sont usés jusqu'à la corde. Ce choix de ne jamais s'aventurer au-delà de ce schéma scénaristique rouillé avait déjà conduit "Slumber" dans les limbes de la médiocrité et, comme personne n'a paru en tirer une quelconque leçon, c'est exactement ce qui se passe à nouveau ici et sur ce même thème avec "Mara".
Dans un déroulement d'évènements incapables de créer la moindre surprise, la pauvre héroïne incarnée par une Olga Kurylenko au regard perdu dans le vague se retrouve opportunément et très vite prise en chasse par le démon afin d'être impliquée le plus grossièrement possible dans l'intrigue. Comme si cela ne suffisait pas, un traumatisme de son enfance vient bien entendu la faire s'identifier à la petite fille de la première victime qu'elle va prendre à coeur d'aider. Surpassant aisément des policiers dont l'incompétence en occultisme est mise en avant par un tunnel de dialogues fatigués, la belle va profiter du mode opératoire interminable du démon pour remonter seule à ses origines et ainsi trouver un éventuel moyen de s'en debarasser. La route de sa quête la fera presque obligatoirement croiser un scientifique beau gosse, un ermite instable sachant tout de l'historique de la menace et dont le but existentiel se résume simplement à l'exposer, et il y aura même quelques exécutions aléatoires histoire de vainement dynamiser l'ensemble. Devant le nombre inquiétant de baillements incontournablement provoqués par cette entreprise sur pilote automatique (sans compter les notes de piano et autres violons languissantes omniprésentes dans le but de créer une atmosphère là où tout le reste échoue), le spectateur tentera de rester éveillé en espérant une résolution au moins un minimum réussie. Pas de bol, si la piste n'est pas si bête pour expliquer la propagation de la vision du démon, elle induit un côté anti-spectaculaire au possible. L'épilogue essaiera tant bien que mal d'y remédier en en prenant l'exact contre-pied mais tombera dans une surenchère qu'il n'aura pas d'autre choix de stopper en balançant abruptement le générique de fin.
Sur l'ensemble du film, on sauvera tout de même quelques points comme, d'abord, les premières apparitions de Mara, très réussies et prometteuses, mais qui, à force de se répéter, lasseront au bout de la quarante-sixième paralysie du sommeil de l'héroïne. À vrai dire, par la suite, chaque manifestation du démon tombera un peu plus dans le ridicule entre son physique très semblable à bon nombre de ses collègues, son étrange fixation à tripoter des draps ou rideaux, sa capacité à moduler l'éclairage de ses scènes comme il l'entend et, enfin, son ultime apparition accompagnée d'une danse étrange lui donnant de faux-airs de cadavre de candidate recalée de "Danse avec les stars"...
Ensuite, le conflit science/paranormal, souvent récurrent dans ce genre d'histoire, sera ici plutôt astucieusement abordé en cours de route afin de laisser planer un doute sur de quel côté penche vraiment la balance. Hélas, ce passage prendra rapidement l'allure d'un prétexte pour temporiser un maximum une intrigue qui n'a plus grand chose à dire.
Malgré son classicisme horripilant, la réalisation est propre et, même si on a été un peu méchant avec elle, Olga Kurylenko est loin d'être une mauvaise actrice, elle est sûrement la seule à faire quelques efforts pour donner un peu de consistance à l'insipidité de son personnage. On notera d'ailleurs que ce dernier se déplace de manière complètement hasardeuse d'un lieu à un autre dans le film : par exemple, à un moment, il se téléporte en l'espace de quelques secondes pour aider quelqu'un puis, plus tard et sur la même distance, il mettra un temps incroyable pour en revenir alors que sa vie est en danger...
Le comble d'un démon du sommeil est sûrement de se retrouver dans un somnifère chargé de raconter son histoire. En ce sens, on peut dire que la pauvre Mara n'a vraiment pas de chance et qu'elle va sans doute rejoindre pas mal de ses amis démoniaques cinématographiques maltraités dans les enfers de l'oubli. Là-bas, au moins, elle cessera définitivement de réveiller ses victimes par sa seule vision... et de fatiguer ceux qui assistent à ce triste spectacle.