Dans les années 80,Kid et Razor,deux boxeurs de Pittsburgh,se disputaient le titre mondial des mi-lourds.Kid avait gagné un premier combat,puis Razor avait pris sa revanche et sa retraite sportive dans la foulée,empêchant ainsi la tenue d'un troisième match décisif.Trente ans plus tard,un promoteur aux dents longues veut organiser cette fameuse belle,ce qui ne va pas sans mal car les deux hommes se haïssent.Cherchez la femme.Comme le combat en question,ce film paraissait peu viable,le seul "intérêt" semblant être de voir deux vieilles stars se foutre sur la gueule.Stallone est depuis un moment devenu un spécialiste de la chose avec les "Expendables" ou "Evasion" avec Schwarzie.De Niro a lui aussi fait dans la rencontre au sommet lors de ses retrouvailles avec Pacino dans "La loi et l'ordre".Les deux vedettes avaient déjà tourné ensemble dans "Copland" en 97 mais là c'est différent.En fait,"Match retour" ressemble à un numéro hors-série de la saga des "Rocky" qui verrait Balboa se confronter au Jake LaMotta de "Raging bull".Du reste,les références abondent.Le vieil entraîneur des débuts que l'on reprend et des quartiers de viande dans une chambre froide,comme dans "Rocky",une revanche à prendre comme dans "Rocky 2",une préparation à base de poids démentiels à traîner derrière soi,comme dans "Rocky 4",un fils qui devient coach de son père,comme dans "Rocky 5",un boxeur du troisième âge,ici deux,qui ressuscite,ça c'est "Rocky Balboa",un jeune black qui prend la relève de son père,voir "Creed",un ex champion bedonnant qui fait du stand-up dans son bar comme dans "Raging bull".Toutes ces allusions et ces clins d'oeil,et il y en a bien d'autres,pourraient écraser le film,mais il n'en est rien."Match retour" trouve sa propre voie en adoptant le ton de la comédie et en la constellant de moments d'émotion.Ainsi,le film navigue sans cesse entre des dialogues caustiques d'une intense drôlerie et des notations nostalgiques qui font mouche,le tout porté par des personnages qui ont tous du relief.Et il y a du fond,ça parle de la misère morale,physique et matérielle qui frappe trop souvent les personnes âgées,du laisser-aller,du lâcher-prise et de la volonté qu'il faut pour y échapper,de la société du spectacle et du chômage,des mauvais choix et des années perdues qui ne reviendront pas,de la haine et du pardon,des mystères et des difficultés de la filiation,des souvenirs et des regrets aussi,comme disait Prévert.Et tout ça en faisant rire la plupart du temps,même si le rire est parfois jaune.Les acteurs sont fantastiques.Stallone et De Niro opèrent dans leurs registres habituels,personnage naïf et inébranlable pour le premier,grande gueule et flamboyant pour le second.Autour d'eux,il y a du costaud.Kim Basinger,hot girl des eighties,est encore très belle et est l'actrice parfaite pour s'immiscer entre les deux monstres.Kevin Hart fait une performance hilarante en manager magouilleur et survolté.Alan Arkin est sidérant en vieux coach encore vert et Jon Bernthal affirme une belle présence en fils à la recherche de ses racines.Même le petit Camden Gray est très bon.