Quand le masochisme prend le dessus...
Alors ça, c’est du titre ! Qui pourrait se douter que cette horreur (ne taisons pas les mots !) soit une suite ? Celle d’un film intelligemment intitulé Mega Shark vs. Giant Octopus. Mais franchement, à quoi bon parler de suites, de remakes, de reboot ou de n’importe quel procédé commercial hollywoodien, étant donné que ces films (appelons-les ainsi même si c’est très difficile de le faire) sont tous semblables. Aussi bien dans leurs ressemblances en défauts que dans la nullité. En même temps, qu’en on porte un titre qui sent bon le jeu vidéo de seconde zone, il n’y a pas de quoi se vanter !
Du coup, je me demande si je vais m’attarder longtemps sur ce nanar qui ne mérite même pas ce statut. Vous voulez l’histoire ? D’un côté, nous avons un aventurier chasseur de mythes qui rapporte avec lui un crocodile géant surgit d’une mine de diamants au Congo et qui va s’échapper du paquebot qui le transportait. De l’autre, un Mégalodon (ancêtre géant du grand requin blanc), celui de Mega Shark vs. Giant Octopus, qui continue de semer la terreur, avec la flotte à ses basques. Deux créatures différentes qui vont pourtant se croiser et s’affronter, au grand damne des êtres humains qui vont tout faire pour exterminer en même temps ces monstruosités de la nature. Waouh ! Serait-ce là le nouveau kaijū eiga (film japonais à gros monstres, tel le mythique Godzilla) ? Euh… ne nous emportons pas, hein ! Car même un épisode de Power Rangers se montre bien plus passionnant que ce grand n’importe quoi qui ne mérite pas d’exister ! Et encore, on peut se marrer avec toutes les horreurs que ce film présente du début jusqu’à la fin.
Commençons déjà par la qualité visuelle qui, bien entendu, n’est pas du tout au rendez-vous ! Je vous préviens, le plus mauvais jeu vidéo d’époque (NES, Mégadrive and co.) qui puisse exister est en tout point plus joli que les effets spéciaux de ce direct to video. Dire que c’est laid serait même insulter la laideur en elle-même. Et l’excuse d’un petit budget n’exclut pas le fait de faire un travail convenable de ce côté-là, la télévision ayant livré des documentaires visuellement abordables (comme Sur la Terre des Dinosaures), où l’incrustation d’images numériques ne se faisait pas tant remarquer (ici, on a l’impression que les explosions ne sont que des stickers !). Mais même question cohérence, les effets spéciaux sont largement à la ramasse, notamment dans la proportion des bestioles. Prenons l’exemple du requin : un coup son aileron dépasse sans problème le navire de guerre qui le prend en chasse, un coup le requin (lors d’un saut ridicule) fait presque la longueur du bateau.
Des incohérences qui se remarquent également vers la structure scénaristique de l’ensemble, qui propose des détails et des scènes incompréhensibles. Pour cela, je vous cite trois exemples :
- Pour ce qui est de la mine de diamants, on nous parle d’une trentaine d’ouvriers alors qu’à l’image, on n’en voit qu’une petite dizaine.
- Une fille marchant dans l’eau (qui lui arrive jusqu’aux mollets) et qui se retrouve par magie sur le museau du croco, dont la taille trahisse son incapacité à se cacher dans cette même flotte.
- Au beau milieu du récit, une histoire d’œuf fait son apparition. D’où ils sortent, on peut se le demander. Mais ce qui est encore fort, c’est qu’ils n’étaient qu’une quinzaine au début et se diversifient au nombre d’une centaine d’un coup.
Vous en voulez plus ? Je crois que je vais me montrer sadique en vous disant de regarder ce Mega Shark vs. Crocosaurus pour vous donner une idée et découvrir toutes ces failles scénaristiques. Qui se ponctuent également par des personnages d’une crétinerie sans nom (avec un aventurier pince-sans-rire, une militaire sévère et un rescapé ivre de vengeance) excessivement mal joués et ridiculisés par une mise en scène atroce (pourquoi des ralentis ? pourquoi leur faire dire telle ou telle réplique ?).
Je dois vous avouer quelque chose : je suis plutôt maso de voir des navets de ce calibre car il m’arrive d’avoir envie de critiquer méchamment un long-métrage. Et avec un film aussi nul que ce Mega Shark vs. Crocosaurus (quoique je parle également des autres nanars de son espèce), je peux vous dire que je suis servi ! Quoiqu’il en soit, si vous voulez un véritable film de monstres qui bouffent tout ce qu’ils voient, attardez-vous sur de vrais films (« vrais » dans le sens statut et non qualité) comme Peur Bleue, Lake Placid, Relic ou encore Arac Attack. Car là, le divertissement et certains atouts techniques sont au rendez-vous pour assurer le spectacle.