Séoul, la nuit. Ses lumières, ses rues étroites et pentues, son tueur en série ! Un tueur en série aux veines parcourues par de la glace puisque le bonhomme n'hésite pas à convier lui même la police en se faisant passer pour un témoin une fois son méfait accompli. Joueur imperturbable ou vicieux spectateur du résultat de ses exactions ? Les deux mon capitaine et c'est véritablement tout au long de cette nuit à couteaux-tirés qu'une jeune femme sourde et sa mère, sporadiquement accompagnée d'un frère à la recherche de sa soeur en feront les frais.
Midnight Silence est un thriller efficace surfant sur les mêmes ressorts que The Chaser. La filiation avec le piège nocturne de Na Hong-jin se fait au plus tard lors des courses poursuites pédestres entre nos héros et leur boureau. Une zone restreinte, une course contre la montre et un quartier de Séoul labyrinthique. Un jeu du chat et de la souris efficace jusqu'à une apothéose de tension ironique lorsque les masques risquent de tomber. Le réalisateur Kwon Oh-Seung dont c'est le premier essai concluant utilise en plus efficacement le handicap de notre héroïne et de sa mère pour appuyer le danger
et j'avoue que jusqu'à la scène grisante du commissariat qui voit l'étau se resserer autour de notre psychopate, j'ai pleinement adhéré.
Le lien qui unit ces deux femmes est d'ailleurs appuyé par le jeu des actrices. Gil Hae-Yeon en mère aimante et attentive, aussi frèle que méfiante suffit à susciter notre empathie pour sa fille traquée, non moins bien incarnée par Jin Ki-Joo. Et encore une fois, comme cela semble être de coutume au pays du matin calme et des nuits agitées, même quand le film est oubliable, le tueur sait se faire mémorable.
Pour autant, le film n'est pas exempt de défauts surtout au fur et à mesure que la traque se prolonge. La tension reste perpétuelle et plusieurs bonnes idées en lien avec la surdité de Kyung-Mi et les appareils à sa disposition pour l'aider font leur petit effet mais, on se surprend quelques fois à sourire du caractère improbable de certaines situations (surtout à la fin). On se dit d'ailleurs qu'avec une police et une armée aussi efficaces, pas besoin d'être Hannibal Lecter pour rester dans la course. Mais fautes pardonnées tant dans son ensemble Midnight Silence est haletant.
Un sous-The-Chaser donc, plein d'idées, efficace et rythmé dans un Séoul nocturne entre ombres et lumières.