Une simple (mais colossale) hausse du ticket de train engendra en octobre 2019 une révolution sociale au Chili. Un million et demi de personnes dans les rues et c’est toute la constitution (de Pinochet) qui était remise en question. Comme à son habitude, Guzman plonge dans l’histoire de son pays et ici fait résonner ses luttes étudiantes de 1973 avec celles d’aujourd’hui, fait résonner Mon pays imaginaire (2022) avec La bataille du chili (1973), en faisant la chronique de ce soulèvement, filmant les manifestations et la guérilla au plus près entrecoupées d’entretiens variés avec des militants. C’est la transmission de cette lutte qui l’intéresse, de cette jeunesse toujours en quête d’une meilleure démocratie. Ici la parole est quasi entièrement donnée aux femmes. Et si le film se fait le témoin d’un bouleversement providentiel, puisque cette révolution conduit à la formation d’une nouvelle assemblée constituante laissant présager la mise en place d’une nouvelle constitution, le réel ne manquera pas de ternir cette image finalement utopique puisqu’en août dernier et par référendum, il n’était pas encore question d’en finir avec l’ère Pinochet.