Mon roi, un film traitant de la passion amoureuse et de ce que l'on appelle communément : le "pervers narcissique". Maïwenn, "on aime ou on aime pas". Définitivement j'aime. Elle traite avec une grande justesse de la réalité des rapports humains, dans ce qu'il y a de plus cru et de plus beau. Tout est suggéré et tout est clair à la fois.
Tony se remet d'une chute de ski dans un centre de rééducation. Elle se remémore les instants de sa vie passés aux côtés de Georgio, celui qui l'a fait se sentir vivante et qui l'a peu à peu détruite. Georgio apparait comme un être solaire, il brille. Et pour faire de Tony sa douce prisonnière, il lui dit qu'il l'aime dès les premiers instants, la fait rire aux éclats et lui fait un enfant pour que leurs vies soient à jamais liées. Puis il part à la dérive, exerçant une emprise malsaine sur Tony. Il manipule et se fait maître dans l'art des retournements de situation.
Mon cœur se serre et mes yeux brillent plus d'une fois. Je suis bouleversée par le jeu des acteurs, transcendée par les émotions qu'ils dégagent. La mise en scène est on ne peut plus réaliste et les dialogues d'une grande finesse. J'ai beaucoup ris aussi et adoré retrouver Louis Garrel dans le rôle du frère bienveillant, qui met en garde mais qui jamais ne s'immisce. Vincent Cassel (Georgio) est magistral dans le rôle de l'homme séduisant, drôle, et manipulateur. Emmanuelle Bercot (Tony) est époustouflante dans celui de la femme douloureusement amoureuse, vulnérable et pleine d'espoir.
Ce film est selon moi sociologique, psychologique, mais aussi un peu politique. Il est une prise de conscience, une alerte sur la maltraitance psychique encore trop peu reconnue. Il soulève le mystère de ces femmes qui ne peuvent ou ne veulent se défaire des chaines dans lesquelles elles sont encerclées, et qui ferment les yeux sur les prémisses annonçant la chute ...
Il est finalement question de la reconstruction physique et morale, mise en lumière tout au long du film par les apartés de Tony au centre de rééducation. On y voit une femme blessée, meurtrie mais qui avance. "La vie si ça fait des hauts et des bas ça veut dire que tu es vivante, si c'est constant ça veut dire que t'es morte". Sauf quand l'ascenseur émotionnel meurtri le corps et l'esprit.