Nimona est un récit sur l'altérité et la tolérance, servi par un univers médiévo-futuriste visuellement plutôt cohérent et par une animation d'une grande fluidité — les déformations de Nimona sont particulièrement impressionnantes. On s'attache assez vite aux deux personnages principaux, entre le chevalier qui cherche à laver son honneur et Nimona qui cherche à trouver sa place. Le film traite plutôt intelligemment l'acceptation de soi, la transidentité mais également des difficultés à communiquer et à se comprendre, la force des préjugés et le déterminisme social.
L'histoire comporte quelques maladresses d'écriture, et l'univers craque un peu sur les coutures. Après tout on ne verra jamais ce que sont vraiment les monstres, et il n'y a eu aucune remise en cause en 1000 ans. Par ailleurs le refus de donner une réponse à ce qu'est Nimona et certes une belle ode à l'inclusivité et à la tolérance mais s'avère frustrant d'un point de vue narratif ; le film nous laisse sur notre faim. En dehors de Nimona, la plupart des personnages manquent de profondeur psychologique, ce qui aurait permis au film d'ancrer davantage son propos et de gagner en richesse.
Du côté visuel, je suis toujours ravie de voir que depuis la « révolution Spider-Man », on continue de voir des longs métrages d'animation qui tentent des choses différentes, même si casser l'hégémonie stylistique Pixar-Disney n'est pas un gage de qualité en soi. Ici, comme dit au début, le film est extrêmement fluide et très bien animé, les scènes sont lisibles, les compositions et les mouvements sont beaux. En revanche le style graphique s'avère parfois un peu bancal que ce soit dans les textures, les bâtiments ou les arrière-plans. Difficulté de production, de budget ou choix volontaire, difficile à dire mais ça pêche un peu.
En revanche, on peut relever une vraie construction narrative inclusive avec une proposition qui ne se contente pas de cocher des cases. Loin de tomber dans les excès et travers d'autres productions (encore une fois, coucou Disney), le film arrive à créer un univers avant tout cohérent et inclusif tout en gardant sa trame narrative forte.
Sans être parfait, Nimona reste un joli film divertissant qui arrive à porter des messages assez forts. Quand Ballister touche le « cœur » de Nimona à la fin ça m'a touché aussi, malgré le caractère assez convenu de la scène.