Jacques Belin,célèbre animateur d'un jeu télé débile,vient de recevoir le Dandy d'Or décerné par la profession.Il veut fêter ça avec sa copine,qu'il attend à la Gare de l'Est,mais elle n'arrive pas et il rencontre Frede,une marginale semi-clochardisée sortant de taule qui lui colle aux basques.Il cherche d'abord à s'en débarrasser puis,amusé par le personnage,il l'entraîne dans une folle nuit fortement alcoolisée.Cette comédie de la mouvance Splendid est l'adaptation d'une pièce de Josiane Balasko,qui en a signé le scénario avec Thierry Lhermitte,tous deux tenant les rôles principaux du film.Sur les planches,l'oeuvre avait été créée par Balasko et Michel Blanc,lequel sera ensuite remplacé par Lhermitte avant que Gérard Jugnot et Victoria Abril ne prennent le relais.La réalisation a été confiée à Bernard Nauer,dont c'est le premier long-métrage.Il fera une deuxième tentative en 95 avec "Les truffes",mais ce sera un échec cuisant qui sonnera le glas de sa carrière ciné,le gars se consacrant par la suite au reportage."Nuit d'ivresse" est symptomatique de l'ambiance des années 80 et de l'esprit de la bande du Splendid avec son atmosphère décontractée n'empêchant pas l'insolence.Cette improbable complicité qui va naître entre une vedette snob et superficielle et une pauvre fille très limitée intellectuellement est développée harmonieusement au gré de scènes désopilantes dont certaines sont devenues cultes,comme la majorette dans le parking souterrain ou la rixe avec le président de chaîne.Tout ceci est raconté de manière bon enfant,un peu trop d'ailleurs car on sent que la cruauté de l'étude de moeurs aurait pu être poussée plus loin,genre comédie italienne.Ici,les protagonistes en prennent tous pour leur grade mais restent au fond sympathiques,et le happy-end est tout sauf réaliste avec sa rédemption incorporée aux forceps.En revanche l'écueil du théâtre filmé est habilement évité,le script et la mise en scène parvenant à aérer la structure de la pièce en diversifiant les décors et en ajoutant des personnages et des situations absents à l'origine.La musique sobrement joviale de Jacques Delaporte,un complice habituel du Splendid,contribue également à dynamiser cette nocturne agitée.Les comédiens sont énormes,à commencer par le couple star.Balasko en ratée vulgaire et Lhermitte en chicos cynique sont parfaits dans ces emplois qui leur sont coutumiers,mais ils parviennent en plus à instiller l'émotion et la profondeur nécessaires à l'évolution de leurs personnages.Au fil de l'histoire apparaissent des acteurs de qualité comme Jean-Claude Dauphin en flic fan de Belin,Jean-Michel Dupuis en copain de la star,Guy Laporte,second rôle du diptyque des "Bronzés",en barman pas aimable,la journaliste ciné France Roche dans son propre rôle,Ticky Holgado et l'indispensable Bruno Moynot en techniciens télé,Alain Doutey en producteur inquiet et Marc Dudicourt,le Flambard de la série "Vidocq",extraordinaire en patron de chaîne colérique.On a droit en sus à une brève apparition de Jugnot et Abril,clin d'oeil à ce couple qui avait joué Frede et Belin au théâtre.