Dans la flopée des comédies des années 80 associées au Splendid, Nuit d’ivresse ne fait pas partie des plus réputées. Adaptée de la pièce de théâtre éponyme écrite par Josiane Balasko et Michel Blanc, elle s’appuie principalement sur son duo de comédiens qui croise une galerie de personnages durant une nuit de beuverie improvisée. Très clairement, l’idée s’apparente à une suite de sketchs plus ou moins réussis avec des situations qui sont, l’alcool aidant, de plus en plus outrancières. Le principe est rendu amusant par quelques dialogues bien tournés mais la virée est un peu longue et redondante, et le personnage joué par Thierry Lhermitte est parfois insaisissable à force de souffler le chaud et le froid.
La dernière demi-heure est consacrée, évidemment, à la gueule de bois du lendemain mais, contrairement à la première partie du film, elle manque singulièrement de folie et d’originalité. Prise au piège de l’adaptation théâtrale, l’histoire se fige dans l’appartement d’un Lhermitte un peu paumé alors qu’elle aurait gagné à être plus étoffée et remuante. Manquant singulièrement de cynisme, l’ensemble joue la carte des deux contraires qui s’attirent et qui ont plus de qualités que de défauts alors que l’inverse aurait été plus évidemment drôle et féroce.
Il reste donc une comédie parfois amusante mais globalement trop paresseuse pour emporter totalement le morceau. La réalisation (ce sera l’unique de Bernard Nauer), en panne de rythme, est souvent sauvée par l’interprétation plutôt juste des deux têtes d’affiche même si elles ne sortent jamais de leur zone de confort (Balasko en grande gueule au bon cœur, Lhermitte en mec pas aussi superficiel qu’il en a l’air). Passable, pas plus.