Ah, la SF ... un genre que j'affectionne beaucoup mais dont les canons persos sont terribles pour la concurrence : il y a encore quelques jours je revoyais l'un d'entre eux, Blade Runner et il m'est difficile de faire l'impasse lorsque je pénètre dans le cinoche pour découvrir cet opus estampillé "2013, année SF". Attention, il y aura du spoaleur à suivre ...
Comme j'ai finalement apprécié, je vais commencer par ce qui fâche. Primo, et c'est un peu chiant car tout tourne autour de lui, l'ami Cruise. J'imagine aisément la scène : Joseph Kosinski
apporte le scénario au Monsieur qui est paisiblement installé sur son siège. Après une lecture rapide, ce dernier pose un regard froid sur son interlocuteur.
"Ok, pas mal ton histoire, il y a du potentiel.
- Alors vous signez ? Oh merci, Monsieur.
- Attends bonhomme, avant que je signe, vas falloir retoucher deux trois trucs.
- Tout ce que vous voudrez, Monsieur.
- Je veux une moto, une explosion pour que je cours et me jette au ralenti, je veux mes lunettes Top Gun, je veux au moins une jolie fille, je veux du baseball, je veux des ralentis sur mes cheveux et ... ben je gagne. Faut faire redescendre Willis de son fauteuil".
Franchement, j'aurai beaucoup aimé voir ce film sans Cruise. Il focalise sur tout des poncifs énormes liés au personnage qu'il s'est construit et ceci ne sert pas le film. Autre souci, l'étrange impression d'un immense mixe entre Stargate et ses pyramides, Prometheus et son esthétisme, Matrix et son IA + boss black à lunette( qui soit dit en passant ne sert à rien si ce n'est à récupérer le badge senscritique Morgan Freeman Inside-), Independance Day et sa ruse finale. Et puis cette amour à travers le temps manque cruellement de souffle et de finesse. La pathos, le mélo à 2 balles, merci, mais sans moi. Niveau SF, lorsqu'on vient de revoir Rachel et Deckard ...
Mais ce moment passé à suivre Cruise et ses cheveux repose aussi sur de bons éléments. Andrea Riseborough, illustre inconnue pour ma part, campe un personnage touchant et tout en finesse. Elle emporte assez haut la main le duel avec Olga Kurylenko, belle mais vide. Visuellement l'ambiance est bien rendue à de nombreux niveaux : les plans aériens autour des duels vaisseau/ drônes, les vastes étendues sans vie, ou presque, le froid bleuté qui nous renvoit à cet esthétisme estampillé Prometheus. Le scénario, bien construit, pourrait être affiné car on devine assez vite le sens de la trajectoire finale. Pour ma part aucune surprise, si ce n'est un dernière mauvaise, mais un ensemble solide offrant un très bon divertissement à défaut de révolutionner le genre. La bande son électro est de qualité et réhaussée par du classique mode 50's-60's qui, via le vinyle, semble nous rappeler que la vieille sic avec son son tout crasseux c'est aussi le top. La séquence dans le cabanon est d'ailleurs très bien rendue, ce musée improbable m'ayant fait pensé à la meilleure séquence du "Jour d'après", lorsque qu'on se demande quel livre brûler pour se chauffer. D'ailleurs placer de la culture latine à travers ce cher Horatius, c'est un bon point.
Derrière une certaine facilité dans les ficelles et le message, on se retrouve avec ce qui reste un bon film de SF, proche de Prometheus, largement supérieur à Avatar. Il y a avait potentiel pour faire bien mieux, certes, mais je prends ce moment sympa sans sourciller d'autant que j'étais en excellente compagnie.
Si on peut espérer un prochain SF plus ambitieux ... je prends.