Only Lovers Left Alive est un film d’ambiance pure. Ce qui est dommage pour lui c’est qu’il ne tombe pas au bon moment même s’il est clair qu’il n’est pas arrivé sur les écrans en 2014 pour rien. Le mythe du vampire, notamment au cinéma, est dans une période faste. Inutile de faire le catalogue des films qui ont traité de ce sujet depuis le début des années 2000.
Et c’est pour cela qu’il est dommage pour Jarmush de faire son film maintenant. Même s’il s’approprie vraiment bien ce thème, y apportant sa touche classe et romantique, il reste un brin cliché. C’est un peu comme les films de super-héros, on en voit trop.
Cependant, j’ai beaucoup apprécié ce film pour son empreinte particulière, sa lumière et sa bande-son. J’ai aimé sa lenteur et l’espèce de brume qui s’en dégage. Jarmush a choisi d’axer son point de vue sur le passé des héros vampires, de leur longue histoire à travers l’Histoire et les a rendus las mais toujours en recherche de quelque chose. Une sorte de Carpe Diem pour immortels. Ça fiche un peu le bourdon mais offre aux personnages un détachement à la vie qui les rend plus grands que les autres. Comme s’ils savaient tout, ne s’étonnaient plus de rien mais recherchaient sans fin à remplir leurs existences.
Ils semblent ne conserver de leur condition que l’immortalité et certains à-côtés obligatoires (ne pas sortir de nuit par exemple) mais l’aspect chasseurs et suceurs de sang est mis au rang de l’instinct primaire, compagnon de la jeunesse et non de leur sagesse. Comme s’ils voulaient se fondre dans le monde qui les entoure et vieillit avec eux.
En cela, le personnage de Mia Wasikowska est un contrepoint intéressant, bien qu’un peu facile. Et surtout la fin du film n’en est que plus intense, montrant que, malgré leur volonté immense de se rapprocher de l’être humain, notamment par la culture et un certain élitisme, ils se révèlent, acculés par la faim, créatures des ténèbres, féroces et brutales.