Projet étrange sur le papier, un documentaire relatant la vie de Pharell Williams à travers une interview, mais en utilisant l’esthétique Lego. Mais sur le papier uniquement, car dans les faits, Piece by Piece peine à interloquer son spectateur, surtout lorsque celui n'est pas spécialement fan du bonhomme.
Le gimmick des legos est à peine exploité dans un biopic documentaire in fine très classique dans sa construction. Les rares « envolées » stylistiques auraient par ailleurs pu se satisfaire d’une animation traditionnelle. La raison du choix de la brique invoquée par Pharell est traitée superficiellement, façon branque. On pourrait aisément croire à une esbroufe purement marketing qui permet de faire sortir une interview plan-plan sur moult écrans. On pourrait…
L’aspect lisse du plastique convient toutefois parfaitement à ce traitement narratif aseptisé. Tout est beau dans le showbiz, tout le monde il est gentil, surtout Pharell, et la question de legotrip de l’artiste est vite fait évacuée sous couvert des méchants businessmen qui ont détourné Saint Williams du droit chemin. Les doobies de Snoop remplacés par des sprays aqueux, l'aspect gangster du paysage du rap américain jamais abordé, et la timidité de l'axe BLM effleuré finissent d'enfoncer la pièce danoise, on édulcore.
Et malgré ces déboires, cette incapacité à fournir une œuvre qui soit honnête et fraîche, on ne ne peut qu’être fasciné par la carrière du bonhomme. Un touche-à-tout qui a enchaîné cartons sur cartons avec un univers qui lui est propre s'étalant sur divers marchés (fringues, pub, musique...), et que ce documentaire/biopic vient complimenter à défaut de lui faire honneur. C'est déjà ça de pris.