Début des années 80, Steven Spielberg est devenu le wonderboy d'Hollywood. Mais il vient de connaître son premier échec avec "1941". Il prend conscience alors, que même lui, le wonderboy d'Hollywood, est sur un siège éjectable dans les mains des grands studios et qu'il est temps pour lui et son avenir de prendre les mannettes de la production. Il fonde alors avec Kathleen Kennedy et Frank Marshall sa propre boîte de production : Amblin.
Et dans la première moitié de la décennie, Spielberg et ses poulains (R. Zemeckis, J. Dante, T. Hooper, R. Donner) vont faire le ménage à Hollywood et ouvrir un nouveau chapitre de la pop culture américaine. "E.T.", "Les goonies", "Gremlins", "Le secret de la pyramide", "Retour vers le futur", autant de films qui vont marquer leur époque et devenir cultes dans le monde entier. Et celui qui ouvrira le festival : c'est "Poltergeist" en 1982 !
Aujourd'hui tout le monde reconnait la patte du Spielberg de l'époque derrière ce film. C'est lui qui a écrit le scénario, c'est lui qui produit, mais en pleine préparation de "E.T.", il va déléguer la réalisation à Tobe Hooper, devenu la référence le matière d'horreur depuis son "Massacre à la tronçonneuse".
La recette Spielberg de cette époque est assez simple : prenez un scénario de film de série B et donnez lui les moyens d'effets spéciaux d'une série A. Son copain George Lucas vient de cartonner avec sa saga "Star wars" et a sa propre compagnie d'effets spéciaux : ILM. Alors profitons en et faisons bosser les copains (et faisons leur aussi de la pub, à grand renforts de marchandisings dans les décors des chambres d'enfants). Et du boulot, ils vont en avoir sur ce film ! Car "Poltergeist" va presque devenir une seconde carte de visite pour la société de George Lucas : On ne fait pas QUE filmer des maquettes, on sait aussi faire des films d'horreur.
Tous ces jeunes cinéastes s'amusent ici comme des gamins dans un magasin de jouets...
Mais qu'en est-il 40 ans plus tard ? Indéniablement "Poltergeist" a fait des émules dans le monde du cinéma d'horreur ("Ring", "Vidéodrome") et mérite vraiment son statut de film culte. Les effets spéciaux (d'avant la révolution numérique) ont par contre terriblement vieilli et le spectateur moderne devinera assez facilement les "trucs" utilisés lors du tournage. Ce qui a pour conséquence de rendre le film surement beaucoup moins impressionnant qu'il ne devait être à l'époque. Mais aussi, beaucoup plus drôle à regarder aujourd'hui. (Toute cette bonne gelée de groseille gâchée !)
De nos jours, surement trouvera-t-on le film un peu trop long, avec des séquences d'explications pseudo-scientifiques bien trop bavardes et inutiles. Mais ça reste toujours aussi fun à voir.