Je me demande bien ce que le jury du Festival de Cannes a fumé pour délivrer la Palme du scénario au Portrait de la jeune fille en feu. Ce dernier, extrêmement lent et contemplatif, n'est pas exceptionnel et reste amplement prévisible, et il est d'ailleurs servi par des dialogues bien ternes. Vous l'avez compris, je ne comprend pas du tout l'engouement général pour ce film que j'ai trouvé d'une platitude sans nom. Je me suis ennuyé au point que, et j'ai pas honte de le dire, j'ai piqué du nez ! Film d'époque, huis-clos féminin où la peinture et la littérature sont vecteurs de rencontre et d'émotions, le dernier film de Céline Sciamma se veut incroyablement précieux et léché dans ses plans et ses couleurs, et tout ça dans un silence d'église. L'axe pictural que revêt le film est intéressant... sauf qu'il ne se passe rien. L'enjeu autour de ce portrait qu'il faut peindre pour établir un lien avec le monde extérieur perd très vite de son intérêt, servant uniquement de prétexte à cette rencontre passionnelle entre l'artiste et son modèle. Donc oui, on sent la maitrise de la part de la mise en scène mais c'est si académique que ça m'a saturé l'accès à toutes les émotions des actrices. Vide, déjà-vu, dans la retenue, intello, heureusement que le film se veut féministe sinon il n'aurait vraiment rien pour lui. Adèle Haenel, pourtant, est différente et poreuse dans ce rôle et sa relation avec Noémie Merlant (sosie d'Emma Watson, c'est hallucinant !), au regard perçant, ne m'est pas apparut comme la plus déchirante et la plus habitée. Les scènes d'intimité ne sont franchement pas dingues. J'ai eu du mal à saisir toutes les nuances du feu qui les anime, sans doute un peu trop maitrisé à mon gout lui aussi. Luana Bajrami, dans le rôle de la domestique, est sans doute celle qui m'a le plus marqué par sa présence. Tout est très simple et propre, seules quelques sanglots laissent sortir quelques larmes. Mais je n'ai pas été touché, comme si j'étais resté face à un tableau sans en saisir sa profondeur et ses jeux de lumière. Et en plus de ça, c'est terriblement long... Je ne vois pas ce qui suscite un tel emballement... Pour ma part, ce Portrait de la jeune fille en feu est un gros point d'interrogation, un gros flop qui m'a assommé d'ennui et bouleversé par son parti pris constant d'épuration.