Lorsque l’on me proposa ce « Prisoners », je n’avais aucune idée ni du Pitch, ni du casting.
Pire : Je pensais avoir affaire à ce fameux film d’évasion avec Schwarzy & Sly !
Quelques minutes plus tard, je me suis donc retrouvé devant ce film assez lent au démarrage, avec Hugh Jackman dans le rôle de ce menuisier quinquagénaire (bien tassé), qui m’amena à cette constatation navrante : On dirait du Wolverine mode pantoufles ! (sic).
Pourtant, deux heures et quelques après, je réalise que j’ai apprécié ce film, alors que je n’aurais pas personnellement été le voir… Explications…
Deux familles « identiques » (comprenez par-là dans leur structure : les parents, un(e) grand(e) ado et une petite fille) se retrouvent, le temps d’une soirée. Voisins, ils habitent dans la même rue de cette banlieue résidentielle du nord des States, près du Canada.
Banlieue « baroque » d’ailleurs puisqu’elle tient plus du bled « chic » que de la grosse ville : baraques en bois, climat rude (il pleut, il neige, il pleut), habitants « petite bourgade », pas mal zones boisées…etc…. Manque plus que la fête du cerf et tout y est.
C’est pas la misère mais c’est pas « Les Experts : Miami » non plus. Ambiance.
Par inadvertance, les deux petites filles sortent pour aller jouer et c’est le drame ! C’est en réalisant leur départ « non surveillé » par les ados que les parents prennent conscience de l’atroce réalité : les petites ont été enlevées !
Rapidement, un suspect (un ado attardé qui a pour habitude de rôder dans son camping-car (et dans la version que j’ai vue, les doubleurs ont remplacé ce mot par « Motorisé ». Choix surprenant, surtout lorsqu’on entend ce mot 636x dans le film)) est appréhendé, son attitude le désignant comme « suspect idéal ». Lorsque celui-ci est relâché faute de preuve, Hugh Jackman se jure de lui mettre le grappin dessus pour le faire parler…
Le film est bâti sur ce départ très dur, mais parviens à concentrer son énergie dans le suspens lié à l’enquête, en nous évitant « le patho » bien lourdingue façon « Hollywood » que l’on pourrait craindre, tout en laissant filtrer l’émotion. Les acteurs jouent « très juste » à mon sens, avec Wolve…heu..Hugh qui joue admirablement bien ce père « chrétien comme il faut » absolument ivre de douleur et de rage, prêt à tout quitte à s’oublier lui-même pour retrouver les petites. En abordant ce thème, ce film pose forcément débat en ramenant le spectateur sur ses propres réactions, forcément « viscérale », en pareil cas.
L’enquête de proximité est logiquement et correctement amenée, et l’inspecteur (Lucky) chargé de la difficile besogne (Jake Gyllenhaal) joue très sobrement cet homme à l’apparence insensible, méthodique et posé, encore une fois loin des « clichés » habituels auxquels on pourrait s’attendre.
On nous épargne donc ici les courses poursuites, les interrogatoires « bon flic/mauvais flic », les planques de nuit…etc… pour un travail d’approche plus long, plus psychologique, patient et méthodique. En un mot : très crédible.
Même si il est parsemé de faux-semblants, le film ne se noie pas non plus sous les fausses pistes et ne s’amuse pas à perdre le spectateur « pour le plaisir ».
Tout au plus, après avoir présenté une « galerie » de suspects, l’histoire nous amène au méchant « relativement insoupçonné » et nous offre une dernière pirouette de suspens dans la dernière demi-heure…
Je le répète, malgré un début « lent », une vraie unité de lieu (on ne quitte pour ainsi dire pas cette petite ville), une histoire somme toute assez « linéaire » si j’ose dire dans le cadre d’un film, j’ai apprécié cette histoire qui se laisse regarder de bout en bout.
Le questionnement « moral » du personnage principal, le côté réaliste et sobre de l’enquête, la volonté de savoir « comment cela se termine-t-il ? » donne un ton particulier au film, dont on ne décroche au final pas.
Sobre, certes, mais efficace. A voir !
