Aux frontières du réel
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Éric Judor, humoristique/acteur ultra célèbre est connu (avec son ancien acolyte Ramzy) pour son humour benêt, ses bégayements lourdingues et une attitude franchement potache (mais également pour ces formidables pub EDF que j'espère pouvoir oublier un jour). En bref, un comique. Mais avec un humour qui me laisse de marbre..
Ainsi je dois reconnaître que j'exécre la série telle que H, les films sauces La Tour Montparnasse Infernale ou autres Double Zéro (qui porte d'ailleurs très bien son nom au passage).
Un humour typique du tout début des années 2000, quand le duo en était à ses débuts. De nos jours le duo s'est séparés et dans sa carrière solo, Mr Judor s'est permis un changement de style, d'identité, plus sous forme d'une évolution logique que d'un réel renouvellement.
Une prise de maturité peut être ? Ou une forme de lacitude, carburateur pour un humour critique, acerbe et méta à la South Park ? Sûrement un peu de tout ça !
Et c'est clairement dans cette optique que s'inscrit Problemos, étrange long métrage qui part joyeusement dans tous les sens, mais sans jamais rater sa cible.
Il faut reconnaître que ce film correspond au niveau zéro de la réalisation (aucune mise en scène, aucun plan vraiment réfléchi...). Le film ne veut pas être un film. Il veut être une situation, un récit, du théâtre..?
Ce qui peut se comprendre au vu de ce que celui ci nous raconte, même si je pense qu'un format style faux-documentaire aurait pu être parfaitement adapté.
Une technique simple donc. Mauvais point. Mais on s'en doutait un peu non ?
Pour le reste, c'est du tout bon. A mon grand étonnement d'ailleurs !
Le ton est excellent. Cet espèce de délire de camp hippie confronté à la fin du monde aurait pu ressembler à un fourre-tout de situations absurdes. Du genre à nous rabâcher constamment deux mondes qui s'entrechoquent : l'amour et la bienveillance extrême d'un côté, la cruauté et la froideur immorale de l'autre.
Et c'est ce ça semble être au début. Mais après l'introduction lourdingue, on comprend vite que le film a des choses à dire.
Tout compte fait, le film démarre vite. Et bien comme il faut !
Et même s'il emprunte plusieurs chemins, même s'il a plusieurs (trop de ?) personnages, plusieurs ambiances qui se succèdent, il ne nous perd jamais.
Il est captivant de voir à quel point le film entache sans prétention le monde d'aujourd'hui, en poussant certains comportements libéralistes à l'extrême, jouant avec cette corde de l'extrémisme, nous rappelant au passage qu'elle n'a rien de fictif en réalité...
Le personnage principal (forme d'avatar du spectateur) se permet quelques petites réflexions piquantes, plus dans un but de réflexion et d'interrogation que de réel discours moralisateur.
Et si son pétage de câble tant attendu ne vient pas, c'est parce que cette petite société parfaite n'a pas besoin de cet élan de lucidité pour s'effondrer.
Car oui, une communauté de marginaux, qui sombrent inexorablement dans l'individualisme, le capitalisme, la paranoïa et la lutte de pouvoir, c'est 100x plus jouissif que n'importe quel pamphlet de droite.
Et le film se conclut sur une fin parfaite, sorte de morale noire et risible. Génial.
Souvent drôle et intelligent, parfois volontairement gênant et perturbant, deux ou trois scènes gores (oui oui).
Un amas de personnages caricaturaux (mais bien réels) qu'on déteste tous.
Petit délire sadique, critique et assez admirable dans son fond plus que dans sa forme. Franchement, ça fait du bien.
Et je suis d'ailleurs bien content que le film ne plaise pas à tout le monde, ça en ferait presque un martyr.
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Créée
le 6 avr. 2021
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