Quand vient l’Automne appartient à ces Ozon à l’ambition formelle modeste certes, mais jamais inintéressant, car jouant malicieusement sur l’ambiguïté de ses personnages (en vrac Eté 85, Une Nouvelle Amie, L’Amant Double, Dans la Maison…)
Celui-ci est particulièrement intriguant, s’éloignant assez vite de ce à quoi on pouvait s’attendre en regardant la bande-annonce, François Ozon n’aimant jamais rien plus que surprendre et dérouter son spectateur. C’est réussi avec Quand vient l’Automne, il parvient à imprimer sa petite musique au film et à toujours offrir une phrase, un geste qui suscitent questionnements et doutes.
L’intrigue se révèle par petites touches, de manière plutôt habile, et Ozon déroule son thriller psychologique avec un sens poussé de l’ambivalence. La moralité à géométrie variable de ses personnages est particulièrement savoureuse et fait tout le sel du film. Car c’est la dynamique entre eux, les révélations autant que les non-dits qui permet de maintenir l’attention tout du long.
Il faut sans doute s’appeler François Ozon pour se permettre de faire d’une grand-mère le personnage principal de son film et visibiliser ainsi les femmes de plus de 70 ans. Un pari largement gagné, car il offre à Hélène Vincent sans doute l’un de ses plus beaux rôles, à 81 ans. Un rôle riche, complexe, multiple, comme on en voit peu (jamais) dans le cinéma français.
Ozon confirme avec Quand vient l’Automne qu'il a peu d'équivalent lorsqu’il s’agit de distiller le trouble et l'ambiguïté sans un film. Même à partir d’un scénario assez simple, il joue admirablement des ellipses et du hors champ pour questionner et ébranler nos certitudes, bien épaulé par un casting hétéroclite mais néanmoins complémentaire. Un drame vénéneux et accrocheur.