Quo Vadis montre bien à lui seul, en tant que grand peplum et vraie perle esthétique, que même en 1951 on savait tout faire au cinéma (sauf les effets spéciaux à base d'informatique) aussi bien, voire beaucoup mieux qu'aujourd'hui. Même un cinéaste assez routinier comme Mervyn Le Roy, porté par la machine MGM, réussit très bien une adaptation comme Quo Vadis, malgré un acteur aussi mou que Robert Taylor, malgré le code interdisant d'aller "trop" loin dans certaine scènes... Bien sûr, le cirque de Gladiator est autrement séduisant. Mais Ridley Scott, c'est aussi trois pointures au-dessus de MLR et Russell Crowe, c'est autre chose que Robert Taylor ! Je pense notamment à l'extrême pruderie à la fin avec les lionnes et à la petite course de char bon enfant devant décor filmé au préalable. Et puis je sais aussi que certaines personnes passant par là l'auront vu pour la première fois et s'en seront amusées sans remettre les choses dans leur contexte.
Je crois que jamais un acteur ne s'est mieux approprié physiquement un personnage historique que Peter Ustinov dans le rôle de Néron. Un acteur qui était d'une incroyable perfection dans sa façon de parler cinq ou six langues... sans compter celles qu'il parlait un peu moins bien... Incroyable personnage !...Cet homme avait un certain génie physique, surtout dans le rôle de Néron. Bien que le personnage de Néron ne soit pas très bien décrit historiquement dans ce film, on le fait presque passé pour un idiot (qui est le fait de la propagande chrétienne médiévale). En réalité, c’est l’un des César les plus profond, il était très en avance sur son temps et par conséquent incompris, ce n'était pas Néron le fou, mais bel et bien Caligula.
Quo Vadis retranscrit très bien son sujet, même si ce film relève au moins autant de la littérature que de l'histoire. Quelques défauts sinon comme le fait que ce film semble être un peu prosélyte en montrant les chrétiens sous un joug larmoyant. Pour rappel, le film se concentre sur la relation entre un général romain et une esclave chrétienne.
Et même si ce n'est pas le plus essentiel du film, il m'a fait aimé Robert Taylor qui est très élégant dans ce film, que je trouve d'habitude assez fade.
Au-delà de cela, Quo Vadis a fait l'objet, en 2001, d'une réalisation de prestige polonaise, à mon avis très réussie, et qui évite certains chromos chrétiens de la version Mervyn LeRoy. C'est le dernier film du grand réalisateur Jerzy Kawalerowicz et il existe en de multiples versions allant de 120 minutes (cinéma courte) à 274 minutes (télévision). Je n'ai pas vu cette dernière mais la version cinéma intermédiaire de 170 minutes. Ce qu'il y a d'ennuyeux avec ces versions multiples, c'est que les versions raccourcies sont pleines d'ellipses qu'on a parfois du mal à combler. Sans parler des quatre versions de l'époque du muet, il existe aussi une version télé italienne (1985) qui me fait un peu rêver car c'est l'immense Klaus Maria Brandauer qui y joue Néron !