Si pour vous aussi, Réalité est votre premier Quentin Dupieux, un bon conseil : à l'arrivée de la migraine, cessez de chercher absolument à vouloir tout comprendre, ça ira mieux... Car, n'ayant compris que vers les dix dernières minutes que le film reposait justement sur l'improbable mise en abyme de ses situations inextricables, on a frôlé la bonne migraine et les râlements d'incompréhension. Heureusement, une fois passé de l'autre côté de la clôture, le film se déguste comme un nectar réservé à ceux qui "ont su le choper" et les situations dingues qui s'entremêlent sont drôles et psychédéliques. Il y a également du grotesque plus terre-à-terre, avec l'intrigue des hurlements que pousse Alain Chabat, ses répliques souvent décalées et amusantes, et la confection du film qui vire à l'impatience générale (on sent le vécu pour le réalisateur). Une bonne expérience que ce premier Quentin Dupieux, surtout que le thème musical se retient bien (Music With Changing Parts de Philippe Glass, diffusé en boucle à l'identique... on relit le titre de la musique et on se dit qu'il a de l'humour, Dupieux), la lumière est intelligemment apposée avec naturel sur les décors californiens, les acteurs sont tous effacés derrière le flamboyant Alain Chabat mais à leur place dans cette histoire à juste titre "absurde". Un beau film qui teste notre capacité à renoncer à chercher la logique partout à l'écran, une épreuve de force pour ma part, mais qui s'est révélée payante.