Gad vs God
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le 11 nov. 2022
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Par rapport à sa première réalisation, Coco, Reste un peu se veut bien plus personnel. Gad Elmaleh, qui joue son propre rôle, raconte sa recherche spirituelle. Le film vise à raconter comment le personnage, qui est juif, va vouloir se convertir à la religion catholique, et comment son entourage va réagir.
Les acteurs jouent majoritairement leur propres rôles. Gad Elmaleh joue donc avec sa mère, son père et sa sœur. Les personnages qui interviennent sur les questions religieuses sont eux aussi dans leurs propres rôles. Dans Coco, Gad Elmaleh joue un personnage qui aime se faire remarquer et qui en fait constamment des tonnes, mais ici, le ton est plus solennel. On le ressent aussi dans la mise en scène. Il y a une forme de simplicité dans la manière de filmer qui permet à la fois de se concentrer sur l’essentiel et de laisser les acteurs assez libres, on retrouve cette idée chez Stéphane Brizé. Il y a peu de gros plans et peu de plans « osés ». J’entend par là qu’on ne s’embête pas avec des choix particuliers d’angles de prises de vue ou avec des grands mouvements de caméra. Ce choix de la simplicité permet d’apporter une touche documentaire au film. Par moment, il suffirait d’ajouter le nom des personnages en bas de l’écran pour avoir l’impression que ce sont des intervenants dans un documentaire. C’est évidemment appuyé par cette volonté de ne pas déranger les acteurs.
Le gros plan ne manque pas dans le film car il m’as toujours procuré une forte impression de mise en scène. C’est-à-dire qu’il peut vite sonner faux, vite mettre la mise en scène en évidence donc pour un film qui se veut proche de la réalité, c’est sans doute plus intéressant de prendre un peu de distance et de laisser les choses se faire. En revanche, je suis d’accord sur le fait qu’on atteint jamais quelque chose de réellement émotionnelle. Mais à mon sens cela ne vient pas des choix de mise en scène ou des choix techniques, c’est plutôt inerrant à la construction globale du film.
Dès qu’on arrive à une forme de point de rupture, qu’on arrive à un moment où l’émotion devient forte, les choses se brisent et on retrouve Gad Elmaleh sur la scène du comedy club en train de faire des blagues. On traverse ainsi deux ou trois frustrations du même genre dans le film et alors qu’elles devraient permettre une apothéose, il n’en ai rien puisqu’à la fin du film, le réalisateur choisi une fois de plus la pudeur et refuse de nous montrer son personnage en larme devant la statue de vierge qui est à l’origine de tout le film. Gad Elmaleh explique ce choix en disant que ce qui nous fait pleurer ce n’est pas de voir les gens pleurer. Je pense que c’est une grosse erreur dans le film parce que tout est fait pour que ce moment arrive. Les tensions familiales n’ont jamais éclatés, justement à cause des frustrations décrites précédemment, et alors que c’est le moment parfait pour que le personnage exprime toutes ses émotions, il n’en ai rien. Mais quelque part il a raison sur le fait qu’on ne pleure pas juste parce qu’un personnage pleure. Quand, dans Portrait De La Jeune Fille en Feu de Céline Sciamma, ça pleure pendant cinq minutes devant un opéra à la fin d’un film d’une platitude inégalable, il est certain qu’on ne ressent rien, mais quand le film à la chance de ne pas être plat, de parler de sujets forts comme la famille et la foi, c’est dommage de ne pas aller au bout.
De plus, je me dois d’ajouter que l’humour présent dans le film est assez bien dosé. Le risque de mettre de l’humour dans ce genre de réalisation, c’est que ça puisse décrédibiliser le tout ou alors que l’humour soit trop « gratuit », qu’il n’apporte rien. Mais ici, les gags possèdent un côté révélateur souvent intéressant.
Même si ce n’est pas un grand film, il possède une forme de sincérité trés intéressante. On sent qu’on cherche simplement à nous raconter une histoire et à partager quelque chose qui est à la fois unique, dans le sens où c’est inégalable, et à la fois universelle, dans le sens où tout le monde peut le comprendre. Ici, c’est la question des liens familiaux. Ce que j’aime c’est qu’il n’y a rien de plus que ça. Peut-être que Gad Elmaleh veut prouver quelque chose avec ce film mais ce n’est pas mon ressenti, j’ai l’impression qu’il a vraiment fait son truc et que ça s’arrête là. C’est un truc que j’ai pu ressentir récemment dans Nomadland de Chloé Zhao. Même si Gad Elmaleh est, à mon sens, loin de la sensibilité qu’il y a dans Nomadland, il y a une intention qui est un peu la même dans la volonté de retranscrire la réalité dans la forme la plus simple possible. Maintenant encore une fois, Reste un peu ne rivalise pas avec Nomadland, loin de là, ne serait-ce que pour Frances Mcdormand qui est une actrice absolument extraordinaire. Donc ce qui me plaît pour résumer, c’est la simplicité et la sincérité. Je pense que quand on a la volonté de faire du cinéma, c’est essentiel d’être vrai dans sa démarche.
Créée
le 23 nov. 2022
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