Pour son premier film en tant que réalisateur, Saïd Hamich, principalement producteur jusqu'alors, a voulu montrer comment le social peut influer sur l'intime à travers un personnage qui a quitté sa ville dans laquelle il ne se voyait aucun avenir. Retour à Bollène est aussi le portrait d'une cité du sud-est de la France sinistrée au fort taux de chômage, gouvernée par l'extrême droite, et avec de nombreux maghrébins vivant dans de grands ensembles délabrés. On s'attend à un film politique mais ce n'est pas tout à fait le cas, du moins pas exclusivement et pas de façon purement documentaire, le film s'attachant plutôt aux pas de son héros qui a pratiquement coupé tout lien avec sa famille et avec son milieu d'origine. La scène de ses retrouvailles avec son père, avec lequel il n'a plus de contacts, devrait constituer le moment le plus intense de Retour à Bollène mais elle tombe hélas presque à plat, décevante. Avec sa durée de 68 minutes, le film n'a pas le temps de nous accrocher suffisamment à une histoire qui reste comme en suspens, plus intéressante dans ce qu'elle promet que dans ce qu'elle montre, laissant finalement sur une grande frustration.