Il fut une époque où on faisait péter la moitié d’une ville pour le simple plaisir d’une scène d’action qui claque, l’époque des maquettes et des décors réels où des mannequins parfois visibles à l’écran valdinguaient dans des voitures apparemment faites de C4... Une époque où Michael Bay faisait des bons films ?
Deux ans avant que Bruce Willis aille dans l’espace, bienvenue sur « le Rocher », où deux héros vont devoir empêcher le lancement de roquettes contenant un produit mortel (et vraiment dégueu) sur la ville de San Francisco : Stanley Goodspeed l’expert en armes chimiques qui étant petit a fait disparaître le chat et s’est cramé les sourcils, menant aujourd’hui une vie « très peu mouvementée », et 007, pardon, John Patrick Mason, la seule personne qui a réussi à s’évader d’Alcatraz… et accessoirement un ancien espion des services secrets de sa Majesté.
Face à eux ? Une tripotée de marines sur-entraînés commandés par un général qui en a gros sur la patate.
Ça vous paraît con comme scénario ? Pas plus con ou moins réaliste que d’envoyer des foreurs de pétrole sur un astéroïde (j’adore ce film).
Qui est le grand méchant derrière les « Boum » et les « pan-pan » décomplexés
- Qui a développé le gaz VX qui fait fondre la peau et les organes ? Le gouvernement américain.
- Pourquoi le général Hummel décide de devenir un preneur d’otage doublé d’un potentiel terroriste ? Parce qu’il a passé des années à mener des opérations clandestines pour le gouvernement américain sans qu’aucune reconnaissance ne soit accordée aux soldats qui sont morts sous ses ordres : pas de funérailles militaires, pas de pension pour les familles, nada.
- Pourquoi a-t-il attendu aussi longtemps pour passer à l’action ? Parce qu’il a attendu la mort de sa femme, devenant ainsi un homme qui n’a plus rien à perdre.
Attends, serait-ce possible que ce soit un méchant intéressant et plus nuancé qu’un taré qui veut devenir le maître du monde ?
Bizarre, dans les années 90 les méchants sont sensés être très méchants et les gentils très gentils.
Surprise ! Il y’a des enflures dans les deux camps.
Juste au hasard (non c’est pas vrai) : le directeur du FBI qui a enfermé un agent britannique pendant plusieurs dizaines d’années sans procès et qui déchire la grâce qui lui était promise, dans son dos et en toute détente… Quel homme délicieux ce Womack (c’est pas vrai non plus).
De toutes façon pour Mason pas de jaloux, le directeur du FBI est un « balais à chiotte » et Hummel un « vrai connard » (j’aime la VF de ce film).
La force d’un duo bien écrit
Véritable colonne vertébrale au milieu de cette joyeuseté dépressive, le duo improbable Goodspeed / Mason fonctionne parfaitement. Et même si l’un sauve les miches de l’autre à plusieurs reprises, nous ne sommes pas devant la dynamique clichée et énervante du « héros et du boulet ».
Le respect s’installe, les répliques s’enchaînent, chacun tire parti des compétences de l’autre, c’est dynamique, c’est crédible, on s’attache aux personnages, on se demande comment ils vont réussir.
Non pas plus, je voulais juste exprimer mon amour pour ces personnages. C’est fait.
La petite conclusion
Les scènes d’actions, la lumière, les décors, la musique, l’interprétation des acteurs… Presque 30 ans après sa sortie, le film fonctionne toujours aussi bien, et c’est toujours un vrai plaisir de le regarder. Du bon Michael Bay comme il savait le faire à l’époque.
Film de mon enfance, il reste à jamais dans mon coeur.