L'Empire domine toute la galaxie depuis presque 20 ans, la Rébellion est aux abois. Quand les membres formant cette résistance apprennent que leur ennemi a élaboré une arme d'une puissance inimaginable, ils réalisent que leur seule chance est de trouver la faille de cet instrument de mort. Tous leurs espoirs reposent sur la mission désespérée d'une bande de rebelles menée par Jyn Erso, dont le père serait lié à l'Empire. Le jeune fermier qui part à l'aventure, le contrebandier qui décide de servir une noble cause, et voici maintenant la rebelle qui s'en découvre une...
Une éternelle histoire d'outsiders, voilà ce qu'est (entre autres) Star Wars. Quelque part, Rogue One est la quintessence même de cette notion. Lancé en périphérie des nouveaux épisodes de la saga, ce film est donc le premier spin-off à voir le jour(si on écarte le film d'animation Clone Wars). Et la tâche n'est pas des plus aisées. Non seulement il doit se montrer à la hauteur des attentes, mais également légitimer la démarche énergique (pour ne pas dire agressive) de Disney, qui entend bien continuer à étendre l'univers Star Wars avec d'autres films standalone.
Le réalisateur Gareth Edwards ne prend pas son travail à la légère. On sent très vite que son but n'était pas de rassurer les fans de l'univers, mais bien de se l'approprier. En conséquence, Rogue One donne moins dans les clins d'œil et propose de la nouveauté. Dans la forme comme le fond, le film surprend par un discours plus complexe qu'à l'accoutumé. Alors que les précédents volets insistaient sur les horreurs commises au nom de l'Empire, Edwards choisit aujourd'hui de montrer la Rébellion sous un éclairage plus politique et ambigu. Ce sentiment de fraîcheur est également palpable dans la description de ses protagonistes. Je trouve qu'on tient la brochette de gentils les plus attachants depuis la trilogie originale. Ils ont de l'espace pour exister et leur caractérisation est exemplaire. Chacun pourra avoir sa préférence dans la bande, et c'est en soi un beau cadeau. Un sans faute pour Felicity Jones, Diego Luna, Donnie Yen et Jiang Wen.
Du côté de l'Empire, on ne peut passer à côté du grand méchant Krennic (excellent Ben Mendelsohn), qui bénéficie lui aussi d'un traitement assez intéressant, je trouve. Bien sûr, il y a aussi Dark Vador qui fait un retour remarquable, et un autre personnage bien connu des fans (mais dont je tairai le nom). Maintenant, il faut bien avouer que le film comporte un défaut gênant: son rythme.
Il était déjà acquis que Gareth Edwards n'était pas de ceux qui cèdent à l'orgie pyrotechnique. Son crédo semble s'être calé sur une lente montée en puissance jusqu'à un final paroxystique. Malheureusement, si les trente dernières minutes sont effectivement géniales, le film accuse plusieurs baisses de rythme et souffre de transitions parfois très rapides. Il aurait été préférable d'élaguer d'avantage pour resserrer l'intrigue et la rendre plus intense. Personnellement, j'ai trouvé Rogue One plus abouti que l'épisode VII. Respectueux sans toutefois se laisser écraser par l'héritage qu'il porte. Il y a de l'audace et des idées. Il ne manque que la fluidité pour faire de ce film une pépite. Mais c'est déjà bien suffisant pour se faire une belle place dans l'univers Star Wars.