Des pains et du jeu
Paul Michael Glaser aime cracher dans la soupe, ce n’est pas parce qu’on a joué dans une des séries emblématiques des années soixante-dix qu’on n’a pas le droit de mépriser la télévision, et...
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le 8 janv. 2014
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Librement inspiré du roman de Stephen King, Running man est un grand cru du cinéma d’action des années 80 mettant en vedette Arnold Schwarzenegger face à des méchants biens bad ass. En l’an 2017, l’économie mondiale s’est effondrée. La pénurie touche toutes les ressources naturelles : eau, nourriture et pétrole sont rationnés. Un état policier divisé en zones paramilitaires, règne durement. . La télévision, contrôlée par l’état a créée un jeu sadique faisant fureur : Running man. L’art, la musique, les communications sont censurées. Aucune révolte n’est tolérée. Pourtant, un petit groupe de résistants a réussi à rester cacher et agir dans l’ombre. Quand les gladiateurs High Tech ne suffisent plus à maitriser la population de son désir de liberté, des méthodes plus radicales s’imposent…
Critique pertinente des médias
Vous pensiez une fois de plus qu’un film avec Arnold Schwarzenegger en tête d’affiche voulait dire scénario banal pour spectateurs intellectuellement limités (oui c’est aussi le cliché que ce font les gens du spectateur fan de films de gros bras) ? Grossière erreur, Running man a un message important à délivrer aux spectateurs. En effet, il est question pour notre film de dénoncer les dérives des médias et de la passivité d’un public friand de voyeurisme et de violence. Datant de 1988, ce film, qui a pour thème la téléréalité hardcore, étant très en avance sur son thème. Thème qui est aujourd’hui plus que d’actualité.
En vu de notre film dont l’intrigue se passe en 2017, il y a de quoi avoir froid dans le dos. Intelligent a été le réalisateur qui décide de dépoussiérer un jeu romain (mais inventé à l’origine par les Etrusques) qui autre fois divertissait le peuple : le combat de gladiateurs. Running man apporte donc une touche de modernité à ce jeu où il est question d’hommes s’affrontant jusqu’à la mort dans une arène. Ici l’arène à triplée de volume et ses candidats se voient filmés par des milliers de caméras et suivis par des spectateurs pariant avec le peu d’argent qu’ils ont sur le traqueur qui parviendra à les tuer. Aliénés, euphoriques, pervertis par la télévision, c’est une terrible représentation de l’être humain qui, s’il continue à toujours aller plus loin, ne plus dissocier le bien du mal, risque de devenir un jour comme les hommes et les femmes de ce film. La dure réalité sera même dite dans un échange entre Ben Richard et le présentateur de l’émission :
« Ce n’est que de la télévision, rien d’autre ! Rien à voir avec les
gens eux-mêmes ! Ce qui importe, c’est l’indice d’écoute ! Ça fait 50
ans qu’on leur dit ce qu’ils doivent manger, ce qu’ils doivent boire,
ce qu’ils doivent porter ! Ben, nom de Dieu, tu peux pas comprendre ça
? Les gens aiment la télévision, ils élèvent leurs enfants avec !
Écoutes, tu sais bien qu’ils aiment les jeux télévisés, ils aiment le
catch et la violence ! »
Quand on l’attaque, Schwarzy contre attaque
En dehors de ce message, Running man c’est du pur film concentré d’action/ Science fiction made in eighties mettant en avant Arnold Schwarzenegger en tant que pseudo héros. Le gros cigare, la grosse mitraillette dans la main, les punchlines virils, le sang de justicier coulant dans ces veines, l’image du pur héro sorti d’un comic book est encore là, tout comme les nombreuses séquences de combats fun à souhait. Comme tout film de Schwarzy qui se respecte, il faudra à notre personnage une future dulcinée, sa muse, sa flamme, celle qui lui donne envie de castagner de la vermine. Ce rôle c’est Maria Conchita Alonso qui l’écopera. Histoire de pimenter un peu tout ça, leur relation au départ sera quelque peu tendue. L’acteur ultra charismatique est dans ce film, égal à lui-même et on ne lui demandait rien de plus. Pauvre Schwarzy qui rencontre toujours des problèmes aux portiques de sécurité des aéroports (voir Total Recall).
Dans Running man, l’image de notre héros s’assombrit laissant place à un homme dont le désir est avant tout de survivre. Le destin en décidera autrement. Notre personnage, qui avant de devenir égoïste était un policier intègre, redeviendra l’homme bon qu’il était. Mais avant cela, il devra passer par diverses épreuves. Après avoir réussi à s’évader de prison avec Laughlin et Weiss, ces amis taulards, notre héros se fait kidnapper et forcer à participer) une émission de téléréalité où il est question de survie. Lâcher dans une grande arène où il retrouve ses amis, nos personnages devront la traverser. Seulement, ils ne seront pas seuls.
A leur poursuite, des traqueurs plus loufoques les uns que les autres et possédants chacun une arme spécifique sont bien décidés à les trucider :
• Subzero (interprété par Toru Takana qui recroisera Schwarzy dans Last action Hero) et sa crosse tranchante (patins de hockey inclus)
• Buzzsaw et sa tronçonneuse (moto incluse)
• Dynamo (interprété par Erland Van Lidth de Jeude, chanteur d’opéra) et son équipement électrique (voiture incluse)
• Fireball (interprété par Jim Brown, ancien joueur de football qui a joué aussi dans Mars Attack) et son lance flammes (jet pack inclut)
• Captain Freedom (interprété par Jesse Ventura, partenaire de Schwarzy dans Predator), un ex traqueur lâche et manipulateur
Running man, ce film brutal
Film d’action oblige, le divertissement prendra le pouvoir. Des scènes de bastons démesurées et sanglantes, un rythme trépidant, des musiques dans le ton (dommage de ne pas avoir mit une bande son plus rock), Running man c’est du bon film qui respire (plutôt transpire) la virilité. Ce qui rend Running man si attractif c’est son coté jeu vidéo. Les décors, costumes et ambiance futuriste, les véhicules complètement kitsch ressemblant à de vrais jouets grandeur nature, le public de l’émission qui envoie des traqueurs armés d’armes démesurées aux trousses de nos héros ne portants qu’une simple tenue moulante jaune pipi (je peux vous dire que votre égo doit en prendre un sale coup), le véritable combat du bien contre le mal.
On rigolera de part l’inventivité d’un Schwarzy qui, comme on le sait tous, maitrise assez rapidement ses adversaires, même les plus coriaces, de quoi faire un peu flipper l’animateur arrogant et immoral qu’est Damon Killian. Comment oublier ce moment où Schwarzy avant d’être lancé dans l’arène, lance à Killian un « je reviendrai » et que Killian de lui répondre « oui mais alors dans une rediffusion », le fan de Schwarzy jubile. Et ce sera ça du début jusqu’à la fin du jeu. Ca enchaine les clichés du film d’action : violence omniprésente, langage grossier, affrontement des « intelligents » gentils face aux « idiots » méchants, mais c’est fun. Le film a vieillit niveau look des personnages mais pour le reste, rien à dire, la mise en scène est parfaite, multipliant les rebondissements et trouvailles originales.
Au final, Running man, qui a inspiré par la suite Battle royale et autres Hunger Games, est un film de science fiction/ action cultissime porté par les épaules massives d’un Schwarzy en pleine forme. En plus du coté spectaculaire, on appréciera la parfaite exploitation du thème de notre film montrant au spectateur les dérives de la télévision : manipulation des médias à coup de retouche et détournement de vidéos, le comportement immoral d’un public voyeur séduit par les cadeaux d’un animateur télé pourri jusqu’à la moelle, triste image de la réalité. Rajoutons à cela des répliques cultes, des scènes d’action rythmées et bourrin, des méchants très méchants (dont le personnage de Killian, démoniaque), des gentils très gentils, une musique futuriste efficace, pour un film qui sent bon la science fiction.
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Créée
le 4 juil. 2016
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