Les trois premiers quarts du film sont particulièrement bien pourvus en scènes de cul violentes jusqu’à l’outrance : viols, cliché du noir bien membré, fouet, cordes, humiliations diverses pour obtenir la soumission et enfin un dérangeant viol à tendance nécrophile. Le propos est intrinsèquement répugnant avec des personnages souvent caricaturaux (les étrangers). La fin, la fuite, même si elle casse le rythme, amène le film trop tard dans d’autres directions.
Et pourtant, ce propos abject est sauvé par le traitement du réalisateur : des scènes sont remarquables cinématographiquement dans les douches ou sur la table principale. L’utilisation de décors minimalistes (un hangar, un table, un lustre) permet un travail sur la lumière ou la couleur particulièrement intéressant. Par moment, ce que Yasuaki Uegaki arrive à faire avec des bouts de chandelle et un fil de fer est bluffant. On continuera à revisiter l’œuvre de ce réalisateur même si son travail avec le scénariste Kazuo ‘Gaira’ Komizu est ici décévant. Côté actrices, malgré la foultitude (il y a 6 victimes) et à l’exception de la brève apparition de Mami Fujimura et de Miki Kazehara aux cheveux courts, seule Kaori Aso (Miki) tient le film par un jeu efficace. Bien qu’elle ait tenu 14 rôles principaux, elle reste quasiment inconnue.
Female Market tient autant d’un film « viols en série » sans sombrer par sa fin et son héroïne dans l’abject que d’un film SM dépourvu du décorum habituel. Film gênant car esthétiquement réussi.