On veut bien reconnaître que l'univers de Frédéric Dard n'est pas facilement transposable au cinéma; mais cette tentative d'adaptation par Claude Berri fleure tellement l'artifice et le procédé commercial qu'on est peu enclin à l'indulgence. Le duo alléchant Depardieu-Lanvin, respectivement Bérurier et San Antonio, sombre au fil d'une intrigue pitoyable et de la mise en scène indigente du commis d'office Fréderic Auburtin, auteur d'une réalisation sans idée, sans personnalité, d'une platitude qui provoque l'ennui et l'agacement. Même lorsque l'histoire amène le commissaire San Antonio à jouer les James Bond (du pauvre) dans une séquence explosive sur une plate-forme maritime ou dans un final exotique à Rio de Janeiro. Ces scènes d'action et quelques cascades automobiles, censées donner du tonus et sans doute capter l'attention des plus jeunes, forment un spectacle tape-à-l'oeil aussi présomptueux que vain.
Déjà, le sujet, pourtant incongru -la disparition du Président de la République- accouche d'une série de péripéties insignifiantes et indifférentes. Et puis la prestation des comédiens est grotesque, qui transforme la truculence, la trivialité de Frédéric Dard en vulgarité inepte. Lanvin n'existe pas en San Antonio, flic terne et commun. Depardieu cabotine en Bérurier lubrique et stupide. Galabru fait une pige indigne. Il n'y a pas un seul moment amusant dans cette comédie policière, ni par les personnages ni dans les situations et pas davantage dans les dialogues. On n'y décèle pas seulement de la maladresse mais également de la fumisterie devant tant de complaisance et si peu de conviction. A se demander si, parmi les auteurs, il y avait un seul fan éclairé de San Antonio.