Idiot, mais riche
Je comprends maintenant, après avoir découvert ce film, pourquoi sans filtre a obtenu la Palme d'Or. C'est tout simplement le talent d'un réalisateur suédois, Ruben Östlund, qui réussit la...
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le 17 oct. 2022
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Le film se découpe en trois chapitres inégaux ;
- Le premier, qui me semble globalement mieux réussi que les deux autres, a une belle photographie, les acteurs sont très bons et la direction de ceux-ci est bien léchée. La scène d’ouverture Balenciaga / H&M est réussie, Dickinson nous offre un très beau jeu lors de la scène de l’ascenseur, Dean dans le rôle de Yaya m’était assez antipathique comme le voulait son personnage, jusque là les lourdeurs et le manque évident de subtilité passaient pour un parti pris et n’ont pas provoqué une seule fois la suspension de mon incrédulité volontaire : en bref je m’étais laissé prendre.
- Le second s’enfonce encore un peu plus dans la facilité. Le caca et le vomi partout m’ont laissé assez indifférent, les dialogues me semblaient assez convenus. Le parti pris de la satyre et de la caricature s’essoufflait un peu. On penchait dangereusement sur certaines scènes vers le mauvais art contemporain post-ironique (surtout lorsque j’imaginais ce film gagner la palme d’or à Cannes). Je trouve ça toujours assez risible cette sorte de culpabilité mal-placée que traînent les petits artistes bourgeois-bohèmes, ils encensent un film qui leur chie dessus. Je veux dire : on leur chie dessus à l’image et ils applaudissent à tout rompre. Vous reprendriez bien encore un peu de caca sur la tête ? vous êtes si riches et si vilains ! Bref, encore si le film avait su tirer parti de cela on aurait pu avoir une belle œuvre mais non, tout cela est resté bien plat à mes yeux. Heureusement la photographie est toujours très belle, la scène d’ivresse entre Harrelson et Buríc était bien jouée malgré les dialogues moyens (te-ma la solidité des convictions communistes composées exclusivement de citations Babelio mixées à une moraline irritante). J’ai ri lorsque qu’il fait croire que le bateau va couler mais j’ai tout de même commencé à trouver le temps long.
- Le troisième enfin n’a aucun intérêt, ils auraient pu tirer le rideau après l’explosion du bateau que je n’aurais pas été choqué et je serais peut-être reparti moins amer. Même les décors et la photographie commencent à foutre le camp par moment. La plage est belle mais la jungle est moche, les maquillages et les prothèses sont moches, le cadrage perd de son superbe, le scénario est nul. On dirait de la série B façon les bronzés à la plage. La caricature est loupée, elle est grotesque et ce n’est pas justifié. Il n’y a plus de nuances, les personnages sont plats et mono-expressifs, les seules intrigues qu’ils nous livrent sont des ragots et des jeux de pouvoir caricaturaux et sans réel enjeu (évidemment ils se font tous bien à leur sort puisqu’ils ne semblent rien avoir à risquer non plus…à part faire des galipettes dans le canot de sauvetage en se demandant s’il n’est pas plus correct de quitter sa copine). J'avais de la pitié pour ces personnages maltraités par l'écriture. Mais peut-être y avait-il une post-morale post-moderne post-ironique à saisir ? Gnagnagna...les personnages creux et les enjeux sans reliefs représentent la platitude de ce monde qu'on dénonce...c'est du mauvais cinéma mais puisque que c'est fait avec une note de bas de page en fait ça devient bien…le moyen devient la fin et vice-versa…c’est méta, on s’égare un peu dans les méandres de l’abstraction puis on arrête d’y penser et on rentre à la maison se faire une tisane. Bref l’ininterêt pour cet acte était assez vif de mon côté, j’avais hâte que ça se termine.
Une belle photographie ne fait pas tout, ni même cette sublime interprétation de l’Egyptian Fantasy par Vincent Peirani et Émile Parisien.
Le film et son auteur sont à l’image du capitaine communiste alcoolique et dépressif : nihilistes, ils nous crient depuis un tapis doré : « — le monde est pourri ! ».
Et en plus on l’applaudit et il gagne une palme d’or pour un truc médiocre cet enf…
Créée
le 30 déc. 2022
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