Scènes de chasse en Bavière par Maqroll
Un film qui est devenu un classique de l’histoire du cinéma et qui montre d’une façon hyper réaliste, presque entomologiste, la vie dans un petit village de Bavière après le nazisme. La satire est cruelle avec des paysans mesquins et étriqués dans leurs conventions morales. Un jeune homme revient chez lui après avoir purgé une peine de prison. On ne saura jamais exactement pourquoi il a été puni mais les commérages vont bon train, s’amplifient et atteignent un point de non-retour avec le drame final qui transforme le réprouvé en meurtrier. Une battue s’organise alors pour le retrouver et le livrer à la justice, laissant les villageois en paix avec eux-mêmes et leur conscience. Tous les travers d’une société imbécile, raciste et homophobe sont exposés sans complaisance et tout le monde en prend pour son grade, du maire au curé en passant par l’ignoble bouchère… Regrettons seulement un manque de nuances absolu, personne ne sortant indemne de cette charge aveugle, ni la mère de l’accusé qui se soucie plus de la bonne entente avec ses voisins que de protéger son fils, ni la prostituée du coin (qui pour une fois n’est pas « au grand cœur » !), ni même le « héros » (anti-héros en fait) qui n’apparaît à aucun moment sympathique et ne fait rien pour se défendre des accusations portées contre lui, se montrant tout aussi conformiste finalement que ses tortionnaires. C’est un film tout d’une pièce, bien dans la tradition de la culture allemande, à la thèse évidente et qui laisse un relent de dégoût devant tant de noirceur…