Certains s’accordent à dire que Sept Vies s’enlise et finit par se noyer dans le pathos, le larmoyant et le trop. Ce n’est pas de mon avis. Le sujet traité étant dramatique, le pathos est inéluctable néanmoins la dose est bien dosée, comme on dit.
Sept vies n’est pas un film sur la mort, ni sur la tragédie, bien qu’ils soient deux thèmes omniprésents tout au long du récit. Non, Sept vie est avant tout une aspiration à l’altruisme ainsi qu’une ode à la vie, et aux choix qui la guide. Ben/Tim Thomas, incarné avec brio par Will Smith, est une des nombreuses victimes, non pas de la vie, mais de l’une des plus communes erreurs qui peuvent retourner le sens d’une vie en un millième de seconde. Accablé par la mort de sa femme et rongé par le remord de la mort de sept inconnus par sa propre erreur, Ben cherche la rédemption dans l’altruisme qui devient obsessionnel au point d’y dédier les quelques jours restant qu’il s’est donné sur cette Terre. Il cherche ceux qui à ses yeux méritent d’être épargnés, ceux qui peuvent être aidés. Ainsi l’on rencontre un aveugle mélomane, un enfant atteint de cancer, une mère de famille victime de son mari mais surtout Emily Posa, une jeune femme souffrant d’une malformation cardiaque qui ne tardera pas à l’emporter. C’est par ce personnage que Ben dévoile peu à peu ses ambitions et son âme au spectateur ainsi qu’à Emily sans pour autant révéler le fond de ses desseins.
Sept vies délivre plus d’un message au travers de ce récit lourd, effectivement, sans être pesant ni excédant de larmes, mais poignant. Avant tout, il tente de rappeler que la vie ne tient qu’à un fil, et par vie l’on entend bien plus que le fait de respirer. Tout peut basculer en une fraction de seconde, de notre propre action ou bien victime du sort. Or, chacun dévoile ainsi sa défense, sa manière d’affronter l’adversité, et l’exemple de Ben est un parmi tant d’autre mais un qui force le respect. En changeant d’identité auprès des autres, Ben Thomas s’efface, efface celui dont la vie s’est arrêtée lors de cet accident de voiture, celui qui n’est plus. Par ailleurs, c’est précisément lorsque sont frère vient lui retirer son masque en lui rendant son véritable nom que Ben passe à l’acte en mettant fin à sa vie. Les jours qu’il a consacré, le temps qu’il a passé à venir en aide à tout pris à sept personnes choisies, ce n’était pas sous le nom de Tim Thomas mais bien de Ben Thomas, un agent du fisc comme tombé du ciel. Tim s’est offert une nouvelle identité afin, peut être, d’être celui qu’il toujours voulu être, celui qui devait agir avant de disparaître pour apporter à certains tout ce dont ils avaient besoin. Ben Thomas nous donne ici une forte leçon de courage et de bonté, non pas par son suicide offrant à Emily la possibilité de vivre ses jours, mais par sa volonté de penser avant tout à son prochain, au point de s’oublier lui-même, de ne plus se considérer que comme une main tendue pour ceux qui l’attendent. Chacun de nous en est capable mais le récit tend à rappeler qu’il ne faut pas attendre de tomber pour réaliser ce qui nous entours.
La performance de Will Smith est troublante de sincérité. Les jeux de caméra passant d’un visage à un autre afin de capter chaque émotion servent les enjeux du film et le pathos est relativement bien géré. La BO est en accord et marche assez bien en revanche les inserts de chansons ne sont pas particulièrement adaptés à l’ambiance générale.
Sept vies est une belle histoire, tragique certes, mais révélatrice de la nature humaine, à plus d’un titre.