Bergman dédie un film complet à la relation Mère-Fille.
Il se déroule sous forme de huis clos, orchestré par le dialogue nocturne entre les 2 femmes amenées à régler leurs comptes.
Pour l'anecdote, le réalisateur a voulu aller au bout du concept :
- en acceptant que la mère soit jouée par sa femme d'alors. Au risque de devoir également régler ses propres comptes personnels avec elle ;
- en créant une mise en abime, puisque la fille issue de sa relation précédente avec Liv Ullmann (= la fille) joue son personnage lorsqu'elle est jeune.
Le réalisateur suédois explore donc dans Sonate d'automne un de ses thèmes favoris : la famille.
Il bâtit son film autour de 2 de ses points forts :
- les gros plans et les clairs obscurs : le film est en couleur mais les lumières sont souvent tamisées et les scènes se déroulent de nuit ;
- l'écriture des dialogues. Une scène monopolise quasiment à elle seule une moitié du film : l'affrontement nocturne entre fille et mère. Les mots sonnent justes du fait que la qualité de leur choix et leur limpidité.
Au-delà d'une simple dispute familiale, le film développe donc une sourde et obscure puissance sous bien des aspects :
- il apporte un premier éclairage sur les conflits de génération qui préfigurent dès les années 70 les évolutions des regards des enfants sur l'éducation livrée par leurs parents ;
- beaucoup plus noir, le film aborde
le douloureux cas des enfants handicapés victimes d'inceste. Inceste qui est parfois à l'origine même du handicap. Comme ici dans le film...
En résumé, un film puissant, parfois insupportable et dont le thème sera repris 20 ans plus tard dans Festen (Thomas Vinterberg). Cette fois-ci au masculin.