Je n'ai pas vraiment de haine pour ce film, je ne le trouve pas réellement raté non plus.
Cependant et ce qui m'a empêché de l'apprécier c'est que la mise en scène se suffit à elle-même, David Kronenbourg se complaisant dans la lenteur et le voyeurisme qui sied à un type de cinéma dit "intelligent", plébiscité par les bobos bordelais ou parisiens, chaussures pointues, barbe mal rasée pour masquer leur absence de virilité, velib' et carte UGC à l'appui pour pouvoir apprécier toutes les semaines une nouvelle merde en VO dans leur cinéma (usine) de quartier.
En effet force est de constater que la réalisation est totalement nombriliste, privilégiant tantôt les plans larges pour nous présenter un décor délabré à la limite du sordide, tantôt les plans serrés sur le personnage de Fiennes, maniéré comme jamais dans un rôle d'autiste extra-lucide.
Bien évidemment les internautes saluent à l'unisson la "performance" de ce brave Ralph, ainsi que l'intelligence du scénario, la subversion du propos et la qualité de la mise en scène mais tout ça ne s'avère être que masturbation intellectuelle et auto-satisfaction.
Le fait est que Cronenberg n'a ici absolument rien à nous raconter et nous présente ainsi une "intrigue" et un "mystère" dont nous n'avons finalement pas grand chose à faire, aucune empathie ne pouvant être ressentie pour des personnages aussi étranges, antipathiques et peu développés.
Fiennes enquêtera en prenant des notes sur son carnet dans une langue comprise de lui seul (wouah c'est complètement fou! Comme c'est original!), puis projettera sa conscience dans le passé afin d'assister à la mort de sa mère (?), alors que nous devinons aisément dès la première apparition de Gabriel Burne que c'est lui qui a fait le coup...
L'intrigue n'en est donc pas une, le mystère entourant la folie paranoïaque de Fiennes ne sera jamais développé (il est fou, c'est tout...), la mère se fait buter d'une manière totalement gratuite et aberrante, Fiennes marmonne des trucs incompréhensibles pendant tout le film en griffonnant des conneries sur son carnet (parce qu'il est fou, on avait pigé...), la BO a été composée par un gosse de 8 ans qui débute le piano, les séquences se déroulent systématiquement dans les mêmes lieux pour permettre à la production d'économiser de l'argent, le retournement de situation bidon à la fin a seulement été conçu pour que les internautes de ce site puissent placer l'anglicisme ridicule et vulgaire "twist" dans leurs torchons faisant office de critiques etc...
Bref, je pourrais continuer très longtemps, et les commentaires élogieux concernant ce genre de film m'amusent toujours autant, particulièrement les interprétations concernant les "toiles d'araignée" tissées par le patient anglais avec des bouts de ficelles...
Seule l'ambiance malsaine et dépressive de l'ensemble est réussie, la "performance" de Fiennes m'a quant à elle laissée de marbre, de même que celle de Gabriel Byrne complètement stéréotypée et sans l'ombre d'une nuance.
En somme n'est pas Lynch qui veut, Cronenberg devrait s'abstenir d'essayer d'être intelligent et revenir à un registre simple qui a fait sa renommée: un cinéma fantastique original et intéressant qui n'essaye pas d'enfumer le spectateur.